La Palestine : Un avenir dans quelle sens ?

Article du n°80 de RED

En prenant la décision stratégique de participer auxélections municipales etlégislatives palestiniennes, leHamas voulait ainsi se présentercomme la deuxième force politiquepalestinienne, une grande force d’oppositiondans le conseil législatif.

La large victoire du Hamas aux électionsprovoqua la surprise au sein de sa propredirection, ainsi que parmi les acteurs politiqueslocaux et internationaux. Les négociationsautour d’un gouvernement d’uniténationale, menées par le dirigeant pragmatiqueIsmail Hanieh, nommé premierministre par le Hamas, n’ont pu aboutir,faute de partenaire.Les résultats des élections ne furentpas accueillis avec enthousiasme chez lescapitales dominantes, mais ils furent aucontraire condamnés. Il fallait alors poureux punir les palestiniens qui ont malvoté ! La décision prise par ceux qui sontcensés représenter la communauté internationale,les Etats Unis et l’U. E. consistadonc à arrêter le financement de l’autoritépalestinienne et à ne pas reconnaître legouvernement du Hamas. Quant aux régimesarabes, ils fermèrent alors leurs portesau nouveau gouvernement, par peurd’être pris pour « des collaborateurs desorganisation terroristes ». Israël de soncôté, avait rebloqué les revenus des taxespalestiniennes (55 millions de dollars parmois), et empêché considérablement lacirculation à Gaza et en Cisjordanie.La situation palestinienne interne n’étaitpas des plus faciles. Pour la première foisaprès trente années à la tête de la directiondu peuple palestinien, le mouvementFatah venait de perdre le pouvoir, ainsique la légitimité publique. Néanmoins, leFatah gardait la présidence en la personnede Mahmoud Abbas, qui bénéficie en vertude la constitution, de larges pouvoirs et ducontrôle total aux forces d’ordre.Avant que la confrontation armée prennela place des tables de dialogue, le gouvernementHamas fut confronté à toutesces pressions internes et externes sansêtre réellement au pouvoir. De quel pouvoirpeut disposer un gouvernement sansgestion de ses propres policiers et sanspouvoir payer ses fonctionnaires ?! Peu detemps s’écoula avant qu’une quasi guerrecivile entre palestiniens ne fut déclanchée !Cette guerre entre deux légitimités aupouvoir, coûta au peuple Palestinien descentaines de morts et de blessés, ainsiqu’une grande perte d’espoir. Hamas etFatah se mirent d’accord sur la formationd’un gouvernement d’unité nationale chezle roi Abdullah en Arabie saoudite. Hamasaccepta bizarrement, en vingt-quatre heuresla majorité des conditions politiquesisraélo-américaines, mais à quel prix ?!Les deux parties, dans l’accord imposépar les saoudiens (et apparemmentd’autres), n’ont pas effectué le bilan desconséquences de leurs actions politiquessur la population palestinienne, et n’ontpas réfléchi à la marche arrière qui a étéfaite dans la lutte de libération nationalepalestinienne, découlant de leurs choix etactes politiques. Il semble pour la populationpalestinienne, que l’intérêt suprêmede ces deux parties se résume au « partagedu gâteau du pouvoir », selon l’expressionutilisée par les palestiniens eux-mêmes.La majorité des forces politiques sontmaintenant présentes dans ce gouvernementd’unité nationale, à l’exception d’uneforce politique d’opposition au parlement,le FPLP (gauche marxiste) et d’une deuxièmequi n’a pas accepté de se présenter auxélections, le Jihad Islamique (nationalismeislamique).La violence israélienne augmente contreGaza et la Cisjordanie, et s’accompagne demenaces d’invasion militaire de la bandede gaza, et ce afin de rendre l’honneurperdu de l’armée israélienne après sadéfaite au Liban. L’embargo internationalcontinu pendant que les américains proposentun nouveau plan pour mettre àgenoux les palestiniens.Mais le plus grave est que la violencesociale tend à remplacer la violence politique.Les clans qui avaient précédemmentcombattu pour l’un des deux partis,poursuivent leurs affrontements mais surfond de vengeance personnelle. Et pourla première fois, des groupes inconnus seréclamant du salafisme, attaquent sousdes prétextes religieux des cafés internet,des vidéos clubs, et dernièrement une fêtedans une école de Rafah. Et face à cela, legouvernement se retrouve paralysé par lescontradictions entre ses dirigeants et sesgrands fonctionnaires.L’actualité sombre de la Palestine nelaisse alors aux palestiniens que la peurde l’avenir.Wissam, [FPLP Gaza]