Cette rentrée est particulière : le premier jour de cours, le 6 septembre, il y avait une grève des profs. Elle a été suivie à 30%, ce qui est beaucoup pour un jour de rentrée. Et le lendemain, il y avait près de 3 millions de personnes qui manifestaient dans tout le pays contre la réforme des retraites. C’est énorme. En 2006, quand les jeunes et les travailleurs se battaient contre le CPE, il a fallu attendre presque deux mois de mouvement pour atteindre ce nombre !

Le gouvernement a décidé de passer à la vitesse supérieure. Il voit que la crise ne se termine pas, au contraire, elle entre dans une nouvelle phase, celle de la dette. On l’a vu en Grèce, l’économie capitaliste menace de se casser la gueule. La droite est de plus en plus divisée sur ce qu’il faut faire. Du coup Sarkozy essaie de rassembler son camp et de faire plus de cadeaux au patronat.

Pour nous, ça se voit à trois niveaux.

Racisme

D’abord, pendant l’été, le gouvernement a essayé de faire oublier l’affaire Woerth-Bettencourt avec une offensive raciste extrême. Ce n’est pas juste pour faire diversion. Il attaque certaines parties de la population pour nous diviser et au final nous affaiblir tous. Ce qu’il fait est innommable, avec les expulsions de Roms, de sans-papiers, la stigmatisation des musulmans, des jeunes…

On ne doit pas se laisser piéger et il faut dire qu’on est solidaire de tous ceux qui subissent la politique de Sarkozy.

Réforme du lycée

Dans les lycées aussi, cette rentrée est particulière. Comme tous les ans, il y a des postes en moins et donc on est plus de 35, voire près de 40 par classe.

Cette année, on a aussi pour la première fois des profs qui viennent d’avoir le concours et qui n’ont aucune formation pour enseigner. C’est la galère pour eux comme pour nous. En gros, l’État fait des économies sur notre dos et sur celui de nos profs. Il nous fait payer la crise au lieu de taxer les plus riches.

Mais c’est pas seulement des économies pour l’immédiat. Le plan du gouvernement c’est aussi de briser notre avenir. Cette année, les élèves de seconde découvrent un nouveau programme et des nouveaux enseignements, dits « d’exploration ». Si vous demandez à vos copains dans les autres bahuts, vous remarquerez qu’à part SES et PFEG, il n’y a aucun enseignement commun d’un lycée à l’autre. Dans certains, il y a plus de dix choix, dans d’autres il y en a deux. Dans certains enseignements, il y a trop de monde. Parfois il y a des cours en amphi avec deux ou trois classes regroupées, ce qui veut dire qu’ils sont plus de cent, c’est pas génial pour explorer ! Sinon, l’autre solution, c’est que certains élèves sont empêchés de s’inscrire dans l’enseignement de leur choix et ils sont envoyés dans un autre cours qu’ils n’ont pas choisi.

En gros :

1)Les profs peuvent se mettre à sélectionner

2)Il n’y a aucune égalité entre les bahuts

3)On va suivre de moins en moins d’enseignements communs à tout le monde.

Le plan du gouvernement, c’est que dans un an c’est la réforme de la première et dans deux ans celle de la terminale. Ceux qui arrivent maintenant au lycée ou qui redoubleront vont subir la réforme du bac. Ce sera un diplôme tellement individualisé, tellement différent d’un endroit et d’un lycéen à l’autre, qu’il n’aura plus la même valeur pour tout le monde. Il nous donnera plus les même droits, que ce soit pour aller dans l’enseignement supérieur ou pour exiger des droits dans le monde du travail.

D’ailleurs, cette année, les bac pro subissent la pire attaque de l’histoire de l’Éducation : maintenant, toutes les épreuves sauf deux, à très petit coefficient, passent en contrôle continu. C’est-à-dire qu’au lieu de passer des épreuves en juin, des épreuves nationales, on est jugé sur sa moyenne de l’année, sur les contrôles faits en classe. Ce ne sont plus les mêmes épreuves pour tout le monde, ça fait un bac avec un contenu différent et qui n’aura pas la même valeur selon que le bahut d’origine a une bonne ou une mauvaise réputation. Si ça se met en place dans les filières pro, ça va arriver après dans les filières générales et technologiques.

Retraites

En gros, Sarkozy veut qu’on n’ait pas d’avenir. Ca se voit avec ses réformes : on n’aura plus aucun moyen de se défendre collectivement.

On va être des salariés précaires à vie.

Et avec la réforme des retraites, on va l’être jusqu’à la mort !

Aujourd’hui, pour toucher une retraite, il faut atteindre un certain âge (aujourd’hui 60 ans) et avoir cotisé un certain nombre d’années (auparavant 37,5 ; aujourd’hui 40). S’il manque des annuités, on peut soit continuer à travailler, soit toucher une pension moins élevée. Le gouvernement veut faire passer l’âge légal à 62 ans. Il prévoit aussi de faire passer le nombre d’annuités de cotisation à 41 en 2012 et à 42 en 2020.

Avec la précarité, les stages, l’apprentissage et l’allongement de la durée des études, nous commençons à cotiser en moyenne à 27 ans. Si on doit cotiser ne serait-ce que 41 ans, ça voudra dire qu’on prendra notre retraite à 68 ans.

Sauf qu’en moyenne, les salariés se font virer à 57 ans parce qu’ils sont trop vieux. Et entre temps, beaucoup connaissent des périodes de chômage ou d’inactivité forcée…

Alors comment on va caser 41 ou 42 ans de cotisation dans cette période de trente ans ?! Arrivés à 61 ou 62, 65 ou même 70 ans, on n’aura toujours pas rempli les conditions pour avoir une retraite à taux plein. On devra galérer, chercher des petits boulots ou crever dans la misère…

Qu’est-ce qu’il faut faire

Toutes ces attaques ont un sens : nous faire payer la crise maintenant et pour toute notre vie.

Alors on peut soit se mettre à pleurer en disant qu’on n’a pas d’avenir, soit décider d’agir. En ce moment, dans tous les secteurs, chez les profs, chez les cheminots, chez les ouvriers, chez les employés, chez les chômeurs, chez les étudiants, chez les retraités… Tout le monde parle de ça et veut se battre !

Donc c’est vraiment le moment d’y aller. Il faut voter la grève le 23 pour aller manifester avec les autres et montrer qu’on est nombreux et déterminé. Mais c’est clair que le gouvernement ne va pas reculer tout de suite. Il va proposer de négocier, en gros, de donner le droit de partir plutôt aux travailleurs qui sont tellement esquintés par le travail qu’ils ne pourront pas profiter de leur retraite. Mais il ne veut pas lâcher sur le retrait de la réforme. Pourtant, on n’a pas le choix. Si on veut un avenir, il faut l’obliger à reculer.

Donc après le 23, il faut continuer à faire la grève. Il y a d’autres secteurs qui vont sûrement reconduire dès le lendemain. Il ne faut pas les laisser y aller seuls.

On propose de voter les revendications suivantes :

Retrait de la réforme des retraites, retour aux 37,5 annuités de cotisation, prise en compte des années d’études, de formation et d’inactivité forcéeAbrogation de la réforme Chatel, de la réforme du bac pro et arrêt des suppressions de postes

Arrêt des expulsions, liberté de circulation et d’installation