L’ETAT (Topo RIJ 2011).

« Le problème de l’Etat est un des plus complexes, un des plus difficile qui soit, c’est peut-être celui que les savants, les écrivains et les philosophes bourgeois ont le plus embrouillé[1] ». Si la définition et la vision de l’Etat par les travailleur-se-s revêtent une importance particulière pour la bourgeoisie, c’est que l’Etat n’est autre que l’instrument de domination  d’une classe (la bourgeoisie) sur une autre (les travailleur-se-s). Contrairement à ce que prétendent les idéologues bourgeois, l’Etat n’est en rien une construction neutre, il est nécessairement lié à l’existence de la lutte des classes. Depuis toujours, cette question est au centre des théories et des stratégies des révolutionnaires. Cette question est replacée sur le devant de la scène depuis quelques mois avec les révolutions dans le monde arabe.

Nous avons basé essentiellement ce topo sur les livres et brochures suivants : L’État et la Révolution (1917) et De l’État (1919) de Lénine, ainsi que sur La Conception marxiste de l’État (1965) et l’Introduction au marxisme (1975) d’Ernest Mandel (référence à retrouver dans la bibliographie à la fin du topo).

Pour traiter ce sujet complexe, notre topo se décomposera en trois parties. La première sera consacrée à l’apparition et au développement de l’Etat. La deuxième partie, elle, sera consacrée à ce qu’est l’Etat aujourd’hui. Et enfin, la troisième et dernière partie sera consacrée à la nécessité de renversement de cet Etat et de son remplacement par un Etat ouvrier durant le socialisme.

I – Apparition et développement de l’État

Il est courant de penser que l’État a toujours existé depuis que les humains vivent en société. C’est faux. Ainsi, lorsque certains sociologues parlent d’Etat dans les sociétés primitives, ils se trompent et confondent l’Etat avec la communauté. Ils enlèvent ainsi à l’Etat ses caractéristiques particulières, c’est à dire l’exercice de certaines fonctions enlevées à la communauté par une minorité de personne qui détient ainsi tout le pouvoir. Pendant des millénaires, l’Homme a vécu sans État.

A- Les sociétés humaines avant l’apparition de l’État

Depuis l’apparition de l’humanité, il y a 250.000 ans environ jusqu’à environ 5000 ans avant J.-C, les sociétés étaient des sociétés primitives sans classe. C’est ce qu’il est courant d’appeler le « communisme primitif ». Il s’agit souvent de tribus, divisées en clans. Les fonctions administratives sont exercées collectivement par l’ensemble de la tribu. Chaque citoyen porte les armes et participe aux décisions prises en assemblée concernant la vie de la tribu. La justice est rendue de manière collective.

Pour autant, ce communisme primitif est loin de la société sans classes que nous souhaitons et ne doit être idéalisé. En effet, d’une part les femmes et les hommes doivent lutter en permanence pour arracher à la nature leurs moyens de subsistance, la technique est très peu développée, les superstitions et croyances magiques sont très fortes à cause de la peur d’une nature hostile. D’autre part, s’il n’y a pas une catégorie spéciale qui se différencie pour gouverner, il ne faut pas oublier que ces sociétés primitives sont régies par les coutumes et que l’autorité, le respect et le pouvoir sont détenus par les anciens du clan (parfois des femmes).

Pendant des milliers d’années, les humains n’ont produit que le strict nécessaire pour survivre. Du fait de la pauvreté de la société qui oblige chaque membre à participer aux tâches de production, la division sociale du travail est donc pratiquement inexistante. Chaque membre de la tribu est producteur et a un droit égal à décider de la vie de la collectivité. Aucun groupe n’a donc un quelconque privilège matériel à défendre face aux autres citoyens.

Pour illustrer ce passage, nous pouvons nous référer aux exemples que donne Ernest Mandel dans La conception marxiste de l’Etat, sur les Bushmen, tribu d’Afrique Australe qui « ne connût ni propriété privée, ni tribunaux, ni autorité centrale, ni organisme spéciaux d’aucune sorte[2] ». De plus, « la vraie autorité est représentée par le clan et non par la tribu dans son entier : les affaires du clan, en général, sont réglées par les chasseurs habiles ou par les hommes plus âgés, gens d’expérience le plus souvent[3] ». Nous pouvons retrouver le même phénomène en Mésopotamie (région du Moyen-Orient qui correspond à peu près à l’Irak actuel) et en Egypte où « le pouvoir comme la responsabilité ont encore un caractère indivis[4] », autrement dit, il n’y a pas de séparation des pouvoirs comme ça sera le cas (cf. partie II) dans la société bourgeoise.

B- L’apparition de l’État

Dans leur lutte pour survivre, les hommes et les femmes créent des outils, inventent des techniques, transforment leur environnement pour assurer leur subsistance. L’événement majeur est l’invention de l’agriculture puis son perfectionnement, lors de la révolution néolithique (entre – 10.000 et – 2000). Dans des régions fertiles : l’Égypte, la Mésopotamie, la Chine, les humains commencent à produire eux-mêmes leurs moyens de subsistance : le blé, le riz pour se nourrir, le lin pour se vêtir, l’élevage également. Désormais, l’Homme contrôle la production de ce qui lui est vital, alors qu’il se contentait auparavant de chasser, de cueillir, etc. Il peut perfectionner ses techniques et augmenter la productivité de son travail. Le résultat de cette révolution technique est que l’Homme produit plus que ce qu’il lui faut pour juste survivre : c’est l’apparition d’un surproduit social.

Vers – 5.000 avant J-C, il est désormais possible de nourrir une partie de la population qui ne participe pas directement à la production : des prêtres, des soldats, des rois… Ce groupe au départ très restreint s’accapare le surproduit social, sous différents prétextes comme par exemple celui des offrandes. Petit à petit, il se distingue de la masse des producteurs et constitue une véritable classe sociale aux intérêts divergents de ceux des citoyens ordinaires.

Cette classe nouvelle est très minoritaire dans la population. Si elle veut conserver et accroître ses privilèges, continuer à s’approprier les fruits du travail des citoyens producteurs, elle doit les soumettre. Elle a besoin d’une violence organisée, et c’est précisément à ce stade qu’apparaît l’État. L’État, c’est une partie de la population séparée de la majorité des citoyens, qui va peu à peu arracher les fonctions politiques à cette majorité, afin de garder ses privilèges. Les armes sont retirées aux producteurs, tandis que des groupes d’hommes armés : soldats, gendarmes, bandits, extorquent le surproduit social aux producteurs. Ces hommes armés sont subordonnés (via leur rémunération) à un pouvoir politique non plus exercé collectivement par les citoyens, mais confié à un ou des représentants de la jeune classe dominante : roi, conseil, etc. De même, l’exercice de la justice est confié exclusivement à des membres de la classe dirigeante.

Cette naissance de l’État est progressive et diffère légèrement selon les régions, mais l’aboutissement est le même partout où les classes apparaissent : un appareil coercitif, une « bande d’hommes armés », comme disait Engels, assure la domination d’une classe sur le reste de la société.

               Ainsi, pour résumer, l’apparition de l’Etat est le produit d’une double transformation : la naissance d’un surproduit social qui permet de libérer une partie de la société du travail nécessaire pour assurer sa subsistance et d’une transformation politique et sociale qui permet d’exclure la majorité des membres de la collectivité de l’exercice des fonctions publiques qui étaient, avant, le propre de tous.

C- Le développement de l’État

Si les tout premiers États sont des appareils très rudimentaires, régissant des sociétés très peu développées, ils vont très vite se complexifié et prendre plusieurs formes : monarchie, république, … Mais, quelque soit leur forme au cours de l’Histoire, ils resteront (jusqu’à aujourd’hui) des Etats de classe.

Peu à peu va se développer un nouveau mode de production : l’esclavagisme. Les premiers esclaves sont des prisonniers de guerre, mais leur nombre va augmenter considérablement. A Rome, par exemple, les esclaves atteindront la moitié de la population de la ville. L’État est alors un État esclavagiste, assurant la domination des possesseurs d’esclaves sur les esclaves. Cette forme d’État s’est répandue dans la plupart des sociétés du monde antique.

Le Moyen-Âge voit le développement de l’État féodal. Celui-ci est l’appareil d’une nouvelle classe dominante : les seigneurs féodaux. Ceux-ci exploitent des paysans serfs, la grande majorité de la population, dans les conditions du nouveau mode de production : le servage. Chaque seigneur dispose en quelque sorte d’un appareil d’État : il a sa propre armée, ses fonctionnaires, et rend la justice sur son fief. Les serfs se distinguent des esclaves par le fait qu’ils ne sont plus considérés comme des objets et reçoivent une (petite) partie de ce qu’ils récoltent, autrement dit, ils ne sont pas la propriété du seigneur.

Le développement du commerce et de la monnaie va créer une nouvelle classe sociale, essentiellement dans les villes : celle des possesseurs de capital, la bourgeoisie. Cette nouvelle classe va très vite entrer en contradiction avec l’Etat féodal comme en témoigne les révoltes qu’il y a pu avoir durant le bas Moyen-âge (XIV-XVe siècles, les siècles de la Guerre de Cent Ans) comme par exemple celle d’Etienne Marcel[5] en 1357. Celle-ci va peu à peu gagner en puissance et tenir une place de plus en plus essentielle dans l’économie ainsi que dans les autres secteurs comme l’administration du royaume (par le biais notamment de la vénalité des offices[6]) ou la culture (Voltaire est d’origine bourgeoise par exemple). Afin de détruire les cadres féodaux qui entravent son développement (servage, corporations) et diriger la société, la bourgeoisie s’empare finalement du pouvoir d’État, par la Révolution française de 1789 (en se servant des « sans-culottes »), et celles qui ont suivi en Europe et dans le monde. Elle devient la classe dominante, remplaçant l’État féodal par l’État bourgeois.

N’oublions pas que l’Etat n’est pas qu’un pouvoir répressif, sinon il s’en suivrait un état de guerre civile permanente. A toutes les époques, l’Etat est aussi un « producteur d’idéologie » qui développe toute une série de choses (religion, philosophie, enseignement, arts, …) destiné à asseoir sa domination et à rendre cette domination immuable et comme nécessaire à la bonne marche de la société. De plus, l’Etat bourgeois est, à certains égards et au début de son existence, progressiste, car il exacerbe la lutte des classes et de fait permet l’apparition et le développement de la conscience de classe car les travailleurs se rendent compte qu’en démocratie (au sens de démocratie bourgeoise) ils n’ont rien à attendre des bourgeois non plus.

Ce qui nous amène directement à la seconde partie consacrée à la caractérisation de l’Etat bourgeois tel qu’il est aujourd’hui….

II- L’Etat dans les sociétés contemporaines.

Dans le système capitaliste, l’Etat prend différente forme. Selon qu’il se trouve dans pays sous développé, où il serre principalement comme appareil de répression ou dans les pays développé comme en Europe où là, l’Etat, grâce à toute son administration (justice, éducation, police) contrôle la société pour servir la bourgeoisie.

Dans ces deux cas, l’Etat sert bourgeoisie grâce à son formidable appareil de répression et en même temps permet un transfert d’argent permanent de la poche des travailleurs vers celle des capitalistes. A partir de ces bases, nous voyons bien qu’il n’est pas neutre et qu’il a bien été construit par et pour la bourgeoisie.

Nous verrons donc dans un premiers temps que, malgré ses différentes formes, l’Etat sous le capitalisme sert toujours la bourgeoisie. Puis dans un second et dernier temps, nous verrons les fonctions précises de cet Etat.

A- Les différentes formes de l’état bourgeois

Comme nous l’avons déjà vu précédemment, l’Etat capitaliste peut prendre différentes formes. Actuellement en Europe, nous avons affaire à une forme d’Etat relativement souple, qui laisse malgré tout de nombreuses libertés et qui se rapproche d’une forme d’Etat social-démocrate. Dans des pays comme l’Algérie par exemple, c’est une dictature qui est en fait tenue par l’impérialisme et le néocolonialisme occidental. Durant le XXe siècle, les différentes formes de fascisme en Europe avaient aussi mis en place des formes spécifiques d’Etats capitalistes. Ces différentes formes d’Etat ne sont pas juste le fruit du hasard, elles correspondent au besoin de la bourgeoisie selon la situation historique (quel niveau d’affrontement entre les classes?). En effet, même si le fascisme et la social démocratie sont complètement différents, ces deux « systèmes » ont un point commun : ils sont tous les deux des outils de la bourgeoisie. Ces différentes formes d’état se mettent donc en place lorsque la bourgeoisie le décide. Prenons deux exemples :

  • Allemagne, 1933. Avant 1933, l’Allemagne est le pays où le mouvement ouvrier est le plus fort en Europe. Cependant, comme nous le savons, en 1933, Hitler arrive au pouvoir et met fin à la République de Weimar (en place depuis 1919). Si le NSDAP (Parti National-Socialiste des Travailleurs Allemand, parti nazi) et Hitler sont arrivés au pouvoir, c’est à cause de la réaction de la bourgeoisie allemande, cette dernière craignant l’imminence d’une révolution socialiste en Allemagne. Ainsi, le fascisme apparaît comme une des armes de la bourgeoisie (en dernier recourt) pour maintenir sa domination. En effet, elle préfère un état fasciste qui limitera ses libertés (politique, économique, …) mais qui sauvera tous ses capitaux et ses sources de profits plutôt qu’une révolution ![7]
  • France, 1934-1936.[8] En France, le 6 Février 1934, les ligues fascistes échouent leur tentative de coup d’état, d’une part à cause de la désorganisation de ses rangs (contrairement à l’Allemagne, il n’y a pas un parti fasciste « hégémonique » mais trois partis principaux (ainsi que des plus petits groupes) : l’Action française, les Croix de Feu et les Jeunesses Patriotes et d’autres part parce qu’ils ne sont pas soutenu par la bourgeoisie (là est la principale raison !). Sur pression de la base, pour réagir, une grève générale le 12 Février suivant est lancée par la SFIO, le PCF, la CGT et la CGTU. Au total, ce sont presque deux millions de grévistes dans toute la France et 300.000 manifestants rien que pour la manifestation de Paris ! Les cortèges SFIO et PCF se sont rejoints dans la manifestation en scandant « Unité ! ». C’est alors le point de départ de ce qui va s’appeler le « Front populaire » mis en place en 1935. Ce dernier n’est pas un front unique, bâti pour l’unité d’action contre le fascisme, mais bien une alliance électorale avec d’une part la SFIO et d’autre part avec le principal parti de la bourgeoisie le parti Radical. Cette alliance est conclue sous le slogan vague de « Pain, Paix et Liberté » ! Ce Front Populaire gagne les élections de Mai 1936. Le PCF refuse alors de participer au gouvernement pour ne pas effrayer la bourgeoisie qui en contre partie est bienveillante envers l’URSS de Staline. A la suite de cela, éclate une grève générale, cette dernière créant une situation pré-révolutionnaire en France. Face à cela, Léon Blum (chef du gouvernement) lâche la semaine de 40h et les congés payés. A cause de l’action contre-révolutionnaire du PCF dont le symbole de cette trahison reste le tristement célèbre « il faut savoir terminer une grève ! » de Thorez, cette situation ne sera pas mise à profit, le PCF permettant à la bourgeoisie de reprendre bien vite ce qu’elle avait « perdu ». Ici, contrairement à la bourgeoisie allemande, la bourgeoisie française n’a pas eu besoin de changer la nature de l’Etat, pour sauvegarder ses intérêts face au mouvement ouvrier (bien aidé par le PC et le Komintern).

Ainsi, la bourgeoisie sait bien où sont ses intérêts pour maintenir sa position de force. Tant que la social-démocratie arrivera à capter la colère des travailleurs, il n’y aura pas de danger pour la bourgeoisie. Ce changement de position de la bourgeoisie suivant ses intérêt est remarquable dernièrement à travers les révolutions arabes. En effet, jusqu’à maintenant, la Tunisie, l’Egypte ou encore la Libye étaient tenue par des dictateurs qui utilisés l’Etat comme appareil de répression pour servir les intérêts des pays impérialistes. Pendant la révolution, nous avons pu voir que les pays impérialistes, suivant l’évolution du rapport de force en faveur de la classe ouvrière, changer leur positon. En Égypte par exemple, les Etats-Unis ont soutenue Moubarak jusqu’au moment où ils ont sentis leurs intérêts menacés ; c’est alors qu’ils ont tous fait pour le virer et instaurer un régime démocratique bourgeois. Ainsi, avec ce nouveau régime, s’ils perdaient un allié sûr, ils ne perdaient pas leurs capitaux et donc leur pouvoir sur le pays !

B- Les fonctions de l’Etat bourgeois.

L’Etat bourgeois, quelque soit sa forme à trois fonctions bien spéciales.

  • Une fonction répressive :

Cette fonction est plus ou moins violente selon la situation mais elle est principalement utilisée en désarmant la population et en formant des groupe d’hommes armés et payés par la bourgeoise pour défendre ses intérêts. Ses groupes que sont la police et l’armée sont détachés de la société puisqu’ils sont payés pour réprimer et incontrôlable bien évidemment par la population qui ne choisi pas qui sera dans ces corps « spéciaux ». Ses groupes armés sont facilement démasquables dans des situations explosive comme lors des révolutions arabes où la police a tiré sur les manifestants. En Europe par exemple, elle se fait passer comme gardien de l’ordre, ne répondant à aucuns intérêts de classe. Cependant, avons nous déjà vu une compagnie de CRS charger des patrons qui venaient annoncer la fermeture d’une usine ou des banquiers annonçant qu’il fallait que les travailleurs paient leur dette ? Cette répression passe aussi par la justice qui, de la même façon, condamne très régulièrement des grévistes (postiers, Conti,…) et des manifestant mais très rarement des actionnaire ou des hommes d’état (Chirac, de Villepin, …).

  • Une fonction idéologique :

L’Etat capitaliste cherche à nous démontrer qu’il est neutre et nous donne l’illusion qu’il n’existe plus de classes sociales, il apparaît alors comme une fin, une chose indépassable. Sa fonction idéologique cherche à démonter la conscience de la classe des travailleurs. Il utilise pour cela plusieurs procédés. Par exemple en divisant les travailleurs avec le racisme, le sexisme, le patriotisme, ou en donnant l’illusion que chacun aurai les même droit ou les même devoir (tout le monde paye des impôt, le service militaire, tout le monde peut voter et être élue ect.). Bien sûr, ces illusions tombent dans la vie réelle. Par exemple, pour devenir un politicien, ou un « haut fonctionnaire », il faut d’abord faire des études longues et couteuses (Sc. Po, ENA, Polytechnique, …), de plus, à la sortie de ces écoles seul un puisant réseau de relation peut permettre d’arriver à un quelconque pouvoir… La hiérarchie que l’on retrouve dans le système capitaliste on le retrouve aussi au niveau des rétributions des fonctionnaires. Les fonctionnaires de « bases » peuvent être assimilé à n’importe quel travailleur, parallèlement, un haut-fonctionnaire gagne assez pour qu’il s’assimile (financièrement mais aussi idéologiquement) à la haute-bourgeoisie.

  • Une fonction économique :

La bourgeoisie a besoin d’une cohérence qui, au delà des divergences, lui permet d’accumuler toujours plus d’argent et d’asservir toujours plus les pays dit du « Tiers-monde » et les travailleur-se-s. Pour cela, elle a  d’abord eu un lieu de rencontre précis qui était le Parlement où se dégageait alors une ligne médiane pour concilier les intérêts bourgeois des différentes branches industrielles. Cependant, au cours de l’Histoire, on voit apparaître un nouvel âge du capitalisme qui est marqué par l’apparition des monopoles autrement dit par l’apparition de grands groupes financiers. Ainsi, la zone de pouvoir s’est déplacé du parlement aux grands groupes financiers et industriels (qui ont en leur possession bien évidemment les agences de notations par exemple…). Dorénavant, le lien entre le parlement et les groupes industriels est un lien de paiement. Prenons l’exemple de la dette des états qui aujourd’hui est une des principales armes de la bourgeoisie. Cette dette est d’ailleurs désignée par E. Mandel comme « les chaînes d’or visible de la bourgeoisie ». En effet, aucun gouvernement ne peut tenir plus d’un mois en l’état actuel des choses, sans devoir aller frapper à la porte des banques privées pour fonctionner. Ce qui rend l’Etat dépendant du Grand capital. La situation actuelle marquée par la crise de la dette, montre bien ces liens de dépendance et le rôle de la dette publique. En effet, cette dernière est principalement due au sauvetage des banques en 2008 et aux baisses des charges patronales depuis 20 ans. De fait, par intermédiaire de l’Etat, la bourgeoisie vole l’argent des travailleurs, en appliquant un principe simple : privatisation des profits, socialisation des pertes !

III- Le renversement de l’Etat et son remplacement.

               Nous verrons dans cette troisième et dernier partie que s’il est nécessaire de renverser l’Etat, il est aussi nécessaire de le remplacer par un état ouvrier. Puis nous essaierons, en dernier lieu, de dresser les grandes lignes du futur état ouvrier. Ce sujet n’est pas simple à aborder puisque nous ne savons pas à l’avance par quoi sera remplacé l’Etat bourgeois. De plus, il faudrait bien plus d’un topo pour traiter correctement de l’Etat prolétarien et de son organisation… Nous nous bornerons donc dans la troisième partie à donner des éléments généraux.

  1. Le nécessaire renversement de l’Etat.

Ce qui différencie les marxistes des social-démocrates pour ce qui est de la question de l’Etat, c’est que ces derniers voient l’Etat comme « quelque chose de divin, de surnaturel, on ne sait quelle force vivifiante de l’humanité, qui confère ou doit conférer aux hommes, apporte avec soi, quelque chose qui n’a rien d’humain, qui lui vient du dehors, bref une force d’origine divine »[9]. Du fait de son caractère « divin », il serait alors parfait et inchangeable. L’Etat serait donc neutre et au service de la société tout entière. De là, découle l’idée que des réformes successives pourraient alors changer l’Etat bourgeois en un Etat répondant pleinement aux intérêts des travailleurs. « Le point le plus important que ne comprennent  pas les socialistes et qui constitue leur myopie théorique, leur emprisonnement dans les préjugés bourgeois et leur trahison politique envers le prolétariat, ce que dans la société capitaliste, dès que s’aggrave la lutte des classes qui est à sa base, il n’y a pas de milieu entre la dictature de la bourgeoisie et la dictature du prolétariat[10] ». Cette conception social-démocrate n’est pas sans rappeler la thèse libérale qui fait de l’Etat un « contrat social » permettant aux Hommes de vivre en société. Ce qui est totalement faux comme conception car comme nous l’avons vu, l’Etat bourgeois est une construction historique destinée dans ses moindres détails à servir les intérêts de la bourgeoisie et correspondant à un mode de production déterminé. « La classe ouvrière ne peut prendre tel quel l’appareil d’Etat et de le faire fonctionner pour son propre compte ».[11] C’est pourquoi le prolétariat ne peut que renverser l’Etat bourgeois pour aller de l’avant car pour reprendre Rosa Luxemburg, « réaliser le socialisme par la voie parlementaire, par simple décision majoritaire, que voilà un projet idyllique ».  Ce renversement n’arrive que lors d’une révolution sociale et non pas par une révolution politique[12].

Cette conception de l’Etat bourgeois n’est pourtant pas si évidente que cela, puisque c’est « seulement » après la Commune de Paris que Marx et Engels prennent conscience que la classe révolutionnaire ne peut se contenter de prendre tel quel l’appareil d’Etat.

  • Pourquoi, malgré la nécessité de renverser l’Etat bourgeois, faut-il le remplacer par un état ouvrier ? (période de transition).

Bien évidemment, en théorie, l’Etat peut être aboli du jour au lendemain, après la prise du pouvoir par les travailleurs. Mais pour que cela soit viable, il faudrait que la société dans laquelle ils vivent ne connaisse pas la pénurie et que les conflits sociaux tournant autour de cette pénurie et de la répartition des richesses n’existent donc plus. Or, l’inégale répartition des richesses est inhérent au système capitaliste, il est donc très peu probable (pour ne pas dire impossible) que cela se passe un jour comme cela. Autre possibilité, les travailleurs pourraient abolir l’Etat sur le papier et conserver malgré tout, sous un autre nom, des fonctionnaires. De fait, il s’agirait là d’une attitude hypocrite sur l’abolition de l’Etat.

L’existence d’un Etat, qu’il soit bourgeois ou ouvrier est justifiée par l’existence de conflits sociaux, autrement dit par la lutte des classes. Quand le prolétariat prend le pouvoir tout lui est à conquérir : l’économie, l’administration, la culture, … Autrement dit, son pouvoir ne tient qu’à un fil. En comparaison, lors des révolutions bourgeoises, la bourgeoisie a déjà des points d’appuis dans les secteurs clés et en contrôle même certain comme l’économie ou la culture par exemple.

Du fait de la fragilité du pouvoir ouvrier, dans les premiers temps, et de la réaction qui ne manquera pas de s’organiser, un Etat ouvrier ainsi que la dictature du prolétariat sont nécessaires pour centraliser et coordonner la lutte contre la réaction bourgeoise, réaction qui peut bien sûr être armée mais aussi se passer sur le terrain idéologique (propagande[13]). « Dans un tel état de chose, la dictature du prolétariat n’est pas seulement absolument légitime, en tant qu’instrument propre au renversement des exploiteurs et à l’écrasement de leur résistance, mais encore absolument indispensable pour toute la masse laborieuse, comme le seul moyen de défense contre la dictature de la bourgeoisie qui a causé la guerre et qui prépare de nouvelles guerres »[14]. Mais, bien évidemment, cet Etat sera radicalement différent de ce qu’a pu être les différents Etats auparavant.

Si nous sommes en désaccord avec les anarchistes sur l’existence d’un Etat (donc d’une période de transition) et sur la nécessité d’utiliser une violence coercitive et organisée contre la bourgeoisie, après la prise du pouvoir par les travailleurs, « nous ne sommes pas le moins du monde en désaccord avec [eux] quant à l’abolition de l’Etat en tant que but [15]».

  • Structure de l’Etat prolétarien.

S’il existe bien un Etat ouvrier, ce dernier n’est pas une fin. Dès sa mise en place, il commence à dépérir. « Le premier acte dans lequel l’Etat apparaît réellement comme représentant de toute la société – la prise de possession des moyens de production au nom de la société – est en même temps son dernier acte propre en tant qu’Etat[16] ». L’Etat prolétarien est à la fois un Etat et n’est plus un Etat.  C’est là toute notre différence avec les anarchistes, « L’Etat ne s’abolit pas, il s’éteint [17]», autrement dit, le communisme ne se décrète pas.

               Tout comme il existe toute une série de forme d’Etat bourgeois (avec comme dénominateur commun la dictature de la bourgeoisie),  il existera une grande abondance des formes politiques des Etats ouvriers[18] (avec un dénominateur comme qu’est la dictature du prolétariat), on ne peut pas prévoir quelles formes prendront ces Etats. Malgré cela, on peut dégager quelques grandes lignes et principes de bases. Tout d’abord, on peut prendre les 3 caractéristiques de l’Etat ouvrier définies par Mandel[19] d’après Marx, Engels et Lénine :

  • Pas de séparation des pouvoirs entre exécutif et législatif, pour permettre de réduire les clivages entre le pouvoir réel (organe permanent) et le pouvoir théorique (assemblée délibérante). Les organismes doivent légiférer et appliquer les lois. Le maintien de cette séparation est une conception bourgeoise. Le maintien de cette séparation favorise les organes permanents qui ne sont pas, eux, soumis aux votes et au contrôle de la population (voir partie II).
  • Eligibilité maximum dans la fonction publique. Tous les membres doivent être élus et révocable à tous moment pour qu’ils soient contrôlables par tout le monde et non pas seulement les membres des assemblées délibérantes. De plus, il faut un renouvellement constant des élus pour que la séparation entre ceux qui exercent ce pouvoir et ceux au nom desquels il est exercé soit la plus petite possible.
  • Aucune rétribution abusive. Aucun fonctionnaire ne doit toucher plus d’un salaire d’un ouvrier qualifié. C’est le seul moyen pour que les fonctions d’Etat ne deviennent pas un moyen de vivre au crochet de la société et ainsi supprimer les arrivistes et autres carriéristes.

Si l’Etat ouvrier a à lutter à tout moment contre la réaction bourgeoise, il doit aussi lutter contre la bureaucratie. Tout d’abord, il faut respecter les trois caractéristiques citées ci-dessus mais aussi respecter deux choses essentielles que sont :

à Le caractère démocratique de la gestion de l’économie car ceux qui contrôlent le surproduit social contrôle la société.

à Si l’Etat ouvrier doit restreindre dans le cadre de la lutte des classe l’exercice des libertés politiques pour tous les ennemis de classe qui s’opposent à l’avènement du socialisme, il doit en même temps étendre l’exercice de ces mêmes libertés pour tous les travailleurs (ex : liberté pour tous les partis qui respectent la légalité socialiste ou encore liberté de manifestation sans restriction, …).

               Pour ce qui est de la production, tous « les citoyens » se transforment en salariés de l’Etat socialiste. « Recensement et contrôle, voilà l’essentiel et pour l’organisation et pour le fonctionnement régulier de la société communiste dans sa première phase[20] ». Ainsi, le contrôle des ouvriers se fera sur les anciens capitalistes et sur la « gent intellectuelle ». Ainsi, l’égalité de travail et salaire pourra être réellement accompli et la domination des intellectuelles (ingénieurs, économistes, …) pourra être diminué au maximum[21].

               Il ne faut cependant pas oublier que la nouvelle société doit s’inventer toute seule, dans l’expérience pratique de millions d’hommes et de femmes où le programme du parti n’offre à ce propos que de grandes lignes directrices. La liberté et l’activité de la plus large partie de la population est nécessaire, pour ne pas que subsiste seulement une bureaucratie comme seul élément agissant.

                Pour résumer cette dernière partie, nous reprendrons les mots d’E. Mandel : « Dès l’instant où tous les membres de la société, ou du moins leur immense majorité, ont appris eux-mêmes à gérer l’Etat, ont pris l’affaire en main, organisé le contrôle sur l’infime minorité de capitalistes, sur les petits messieurs désireux de conserver leurs pratiques capitalistes, et sur les ouvriers profondément corrompus par le capitalisme – dès cet instant la nécessité de toute administration en général commence à disparaître. Plus la démocratie est complète, et plus proche est le moment où elle deviendra superflue. Plus démocratique est « l’Etat » constitué par les ouvriers armés et qui « n’est plus un Etat au sens propre du mot », et plus vite commence à dépérir tout Etat.

En effet, quand tous auront appris à administrer et administreront effectivement eux-mêmes la production sociale, quand tous procéderont eux-mêmes au recensement et au contrôle des parasites, des fils à papa, des filous et autres « gardiens des traditions du capitalisme », – alors se soustraire à ce recensement et à ce contrôle exercé par le peuple sera à coup sûr d’une difficulté si incroyable et une exception si rare ; cela entrainera vraisemblablement un châtiment si prompt et si grave (les ouvriers armés ont le sens pratique de la vie ; ils ne sont pas de petits intellectuels sentimentaux, et ils ne permettront pas qu’on plaisante avec eux) – que la nécessité d’observer les règles toutes simples, mais essentielles, de toute communauté humaine deviendra très vite une habitude.

Alors s’ouvrira toute grande la porte qui permettra de passer de la première phase de la société communiste à sa phase supérieure et, par suite, à la disparition complète de l’Etat [22]».

Pour conclure, nous retiendrons que l’existence de l’Etat exprime le fait que « les contradiction de classes sont inconciliables ». De plus, l’Etat est une construction correspondant à un mode de production né à un moment donné de l’Histoire et destiné à disparaître au cours de cette évolution, il est en perpétuel mouvement, mouvement qui est déterminé par la lutte des classes (« le moteur de l’Histoire » selon Marx). Cette évolution perpétuelle de l’Etat, rend ainsi difficile sa caractérisation et son étude. De même, la nature exacte de l’Etat prolétarien ne peut être prévu car comme nous l’avons plus haut, elle dépend de l’expérience pratique des travailleurs et travailleuses.

De plus, étant donné la nature de l’Etat bourgeois, « l’affranchissement de la classe opprimée est impossible, non seulement sans une révolution violente, mais aussi sans la suppression de l’appareil du pouvoir d’Etat crée par la classe dominante » !

BIBLIOGRAPHIE :

Sur l’Etat en particulier :

  • Bensaïd Daniel, L’Etat, la démocratie et la révolution : retour sur Lénine et 1917, 1er Août 2007.
  • Duménil Gérard, Löwy Michael, Renault Emmanuel, Les 100 mots du marxisme, Paris, Collection Que sais-je ?, PUF, 2009.
  • Engels Friedrich, L’anti-Dühring (partie III, chapitre V).
  • Engels Friedrich, Les origines de la famille, de la propriété privée et de l’Etat.
  • Engels Friedrich et Marx Karl, Le manifeste du Parti Communiste.
  • Lénine, L’Etat et la Révolution.
  • Lénine, De l’Etat.
  • Mandel Ernest, Introduction au marxisme, Bruxelles, Edition Formation Léon Lesoil, 2007 (chapitre III).
  • Mandel Ernest, La conception marxiste de l’Etat.

Sur le rôle de l’Etat et son illustration :

  • Lénine, Thèses sur la démocratie bourgeoise et la dictature prolétarienne, 1919.
  • Marx Karl, Le 18 Brumaire de Louis-Napoléon Bonaparte
  • Marx Karl, La guerre civile en France.

Histoire/Anthropologie (avant l’Etat).

  • Davy G et Moret A, Des clans aux empires, Paris, La Renaissance du Livre, 1923.
  • Ellenberger R.P.V, La fin tragique des Bushmen, Paris, Amiot-Dumont, 1953.
  • Shapéra I, The Khoisan Peoples of South Africa, 1930.

[1] Lénine, De l’Etat.

[2] Ellenberger R.P.V, La fin tragique des Bushmen, Paris, Amiot-Dumont, 1953.

[3] Shapéra I, The Khoisan Peoples of South Africa, 1930.

[4] Davy G et Moret A, Des Clans aux Empires, Paris, La Renaissance du Livre, 1923.

[5] Etienne Marcel est un bourgeois qui s’est retrouvé à la tête de la contestation contre le roi de France en 1355 lors des Etats Généraux. Pour avoir plus d’argent pour faire la guerre (on est au moment de la Guerre de Cent Ans), le roi décide, alors que les impôts ne rentrent pas comme il le souhaite, une nouvelle dévaluation monétaire ce qui ne satisfait pas les bourgeois qui vont y perdre de l’argent… Etienne Marcel meurt 3 ans après, lors de la « Grande Jacquerie » révolte où se mêle bourgeois et paysans excédés par les levées d’impôts excessives.

[6] La vénalité des offices est la vente des offices publics (justice, finance, …). Si cette vente des offices est profitable à la monarchie car elle lui procure des revenus supplémentaire, elle profite aussi à la bourgeoisie qui s’est enrichie et peut ainsi avoir accès au plus haute sphère du pouvoir.

[7] A ce propos, voir les deux ouvrages suivants :

  • Trotsky Léon, Comment vaincre le fascisme ?
  • Guérin Daniel, Fascisme et grand capital.

[8] Sur la situation en France dans les années 1930 voir :

  • Trotsky Léon, Où va la France ? (série d’article de 1935 à 1938).
  • Danos et Gibelin, Juin 36, Paris, Les Bons Caractères, 2006, 320 p.

[9] Lénine, De l’Etat.

[10] Lénine, Thèses sur la démocratie bourgeoise et la dictature prolétarienne. (Thèse n°12)

[11] Marx Karl, La guerre civile en France, 1871.

[12] « Une révolution sociale substitue le règne d’une classe à celui d’une autre classe. Elle présuppose l’élimination de l’ancienne classe dominante du pouvoir d’Etat. Toute révolution sociale est donc accompagnée d’une révolution politique[…] Si toute révolution sociale est en même temps une révolution politique, toute révolution politique n’est pas nécessairement une révolution sociale. Une révolution qui n’est que politique implique le remplacement par voie révolutionnaire d’une forme de domination, d’une forme d’Etat d’une classe, par une autre forme d’Etat de la même classe ». (E. Mandel, Introduction au marxisme). Deux exemples de révolutions sociales : 1789 en France, Révolution d’Octobre 1917 en Russie. Exemples de révolutions politiques en France : 1830, 1848 (passage d’une monarchie constitutionnelle à la IInde République puis au IInd Empire) et 1870 (passage du IInd Empire à la IIIe République après la défaite de Napoléon III devant l’armée prussienne).

[13] Lors d’un processus révolutionnaire, la propagande est une « arme » primordiale pour les parties qui s’affrontent. Durant la Révolution Russe, de nombreux journaux bourgeois appelaient, par exemple à l’assassinat de Lénine ou des autres dirigeants du parti Bolchevik. De même, en Tunisie, en ce moment, les organes de presse détenue par la bourgeoisie propagent l’idée que l’essentiel a été acquis (les libertés « démocratiques ») et qu’il faut dorénavant attendre bien sagement les élections et arrêter de fait les grèves et les mobilisations. 

[14] Lénine, Thèses sur la démocratie bourgeoise et la dictature prolétarienne. (Thèse n°12)

[15] Lénine, L’Etat et la Révolution.

[16] Engels Friedrich, Anti-Dühring.

[17] Engels Friedrich, Anti-Dühring.

[18] Il y a eu les Soviets en Russie, les Raete en Allemagne, les Shop Stewards Committees en Grande-Bretagne, ….

[19] Mandel Ernest, La conception marxiste de l’Etat.

[20] Mandel Ernest, Contrôle ouvrier, conseil ouvriers, autogestion, Paris, Collection « Poche Rouge, Editions François Maspéro, 1973 (p. 106).

[21] A ce sujet, voir ce qu’à écrit Ernest Mandel dans La conception marxiste de l’Etat dans sa troisième partie sur « le prolétariat au pouvoir » où il traite du rôle des techniciens bourgeois. En effet, et c’est un problème qui se pose à la dictature du prolétariat, c’est que les travailleurs n’ont pas forcément tous les savoirs pour faire fonctionner la société et produire ce qu’il leur faut (même sous la dictature du prolétariat, pour construire des trains, par exemple, il faut un certain nombre d’ingénieur qui maitrisent des savoirs et des données spécifiques). Il faut donc prendre certaine mesure pour ne pas qu’à terme le pouvoir s’inverse et que les travailleurs se retrouvent sous la domination des « intellectuels » ou autres techniciens. L’apport des savoirs ne pourra se faire du jour au lendemain, mais cette volonté de contrôle des « techniciens » va de paire avec la gratuité de l’enseignement et l’accès égal aux savoirs mis en place par l’Etat socialiste.

[22] Mandel Ernest, Contrôle ouvrier, conseil ouvriers, autogestion, Paris, Collection « Poche Rouge, Editions François Maspéro, 1973.