Prostitution : pourquoi la pénalisation des clients ne règle rien ?

La loi de pénalisation des clients de la prostitution, votée le 6 décembre 2011 à l’Assemblée nationale, continue la politique de répression des prostituées déjà mise en place par la loi de 2003, pénalisant le racolage. Cette loi, sous couvert de bonnes intentions (une prétendue volonté de lutter contre les violences faites aux femmes), est en réalité une aggravation de plus dans les conditions imposées aux prostituées. Le risque encouru pour les clients est de 3750 euros d’amende et de deux mois de prison. De fait, cette mesure va pénaliser avant tout les prostituées. Celles-ci vont être encore plus vulnérables : elles vont être contraintes d’exercer dans des lieux cachés. Cette politique répond à une logique de criminalisation et de stigmatisation des prostituées, de la pauvreté et vise aussi à poursuivre la politique de répression vis-à-vis de l’immigration.

Lutter contre la précarité

La prostitution repose sur le système patriarcal, d’exploitation et de domination des femmes. Les conditions de vie des prostituées s’aggravent de jour en jour. Dans de nombreux cas, l’entrée dans la prostitution est une question de survie. C’est notamment le cas dans la prostitution étudiante, qui est aujourd’hui en augmentation. Dans ce contexte, la fermeture des frontières, qui rend de plus en plus difficile la migration, met les migrantes dans une situation de dépendance vis-à-vis des réseaux de trafiquants.

Les différentes lois instaurées dans les différents pays européens répondent à une même logique de précarisation. Par exemple, aux Pays-Bas, la réouverture des maisons closes et la libéralisation du proxénétisme a permis à l’État de contrôler ce marché, en réprimant les prostituées qui ne rentraient pas dans ces nouveaux statuts, notamment les prostituées sans-papières. En France, la loi sur la pénalisation des clients ne s’attaque ni à la question du proxénétisme, ni aux conditions matérielles qui créent la prostitution. La question de la prostitution est compliquée, y compris pour toutes les féministes. Le débat qui anime le mouvement féministe est surtout lié à la question du travail sexuel : doit-il être considéré réellement comme un travail, doit-on se battre pour réglementer la prostitution ou lutter pour son abolition ?

Dans ce débat complexe, nous devons, en tant que féministes et révolutionnaires, nous placer d’abord aux côtés des opprimées et donc des prostituées. C’est pour cela qu’il est important de dénoncer l’hypocrisie de cette loi, tout en refusant l’exploitation du corps d’autrui et l’esclavage sexuel. Le proxénétisme doit être réprimé et non les prostituées.

Contre les politiques libérales et sécuritaires, nous revendiquons la régularisation de toutes et tous les sans-papiers, le droit au logement pour toutes et tous, l’augmentation des minimas sociaux, pas un revenu en dessous de 1 600 euros net. Une vraie politique pour les prostituées doit supprimer toute répression directe (délit de racolage) ou indirecte (pénalisation des clients) des prostituées et leur permettre d’être réellement protégées par les lois contre les violences. Elle doit favoriser leur accès aux droits : à la protection sociale, au logement, à la justice, au droit d’association, à la formation…

L’État montre une fois de plus son mépris à l’égard des femmes et des prostituées, en les mettant dans des conditions toujours plus difficiles. Nous devons plus que jamais lutter pour l’égalité femme/homme, nous battre pour garder nos droits et en gagner de nouveaux !

Mimosa (comité Jeunes Aix Marseille)