Contre l’homophobie !

Depuis plusieurs mois, des jeunes irakiens d’un quartier chiite de Bagdad, considérés comme déviants, sont torturés et parfois tués. Leur crime ? Être identifiés comme étant gays ou émos (allure androgyne, maquillage outrancier, vêtements moulants). Les médias parlent d’une vague de violence anti-homosexuelle due à des milices organisées, précisant le caractère religieux et conservateur du quartier. Ils s’insurgent et pointent du doigt, à juste titre, l’inertie des autorités et même la légitimité donnée à ces actes par les propos du ministre de l’intérieur qui qualifiait de « satanique » le style émo.

Cependant, derrière l’indignation médiatique pointe le portrait complaisamment sombre d’une société irakienne, et musulmane en générale, qui serait spécialement homophobe et intolérante. A l’opposé, évidemment, d’un Occident supérieurement évolué. On apprend ainsi que l’association Gays without borders, basée à San Fransisco, organise des action de soutien aux homosexuels irakiens. C’est bien sûr une très bonne chose. Mais pourquoi ne pas préciser que beaucoup d’homos américains viennent vivre à San Francisco justement parce que la vie y est plus facile que dans le reste du pays, où de nombreuses agressions homophobes ont cours ? Et pourquoi ne pas parler de la politique d’asile extrêmement restrictive des pays occidentaux, dont les migrants gays sont autant victimes que les autres ?

Dès qu’il s’agit de charger les pays à majorité musulmane on occulte nos propres problèmes qui sont à bien y regarder plutôt proches. Les agressions verbales ou physiques envers les personnes considérées comme déviantes, en particulier en termes de genre et de sexualité, sont légion, et pas seulement dans les quartiers populaires. Les propos tenus par nos dirigeants montrent bien le mépris existant dans nos sociétés à l’égard des « minorités sexuelles ». En France, le député Christian Vanneste peut sans être inquiété parler de la « menace pour l’humanité » que constituerait l’homosexualité. En Italie, Berlusconi peut coucher avec des prostituées mineures : « mieux vaut aimer les jolies filles qu’être homo ».

Notre premier combat doit être de lutter contre l’homophobie, et toutes les autres discriminations qui nous divisent, à laquelle nous sommes confrontés dans nos propres milieux. Se solidariser des combats menés ailleurs et les populariser doit aussi nous servir à lutter plus efficacement contre nos propres États qui maintiennent le sexisme et l’homophobie dans leur propre intérêt !