Le NPA rejette les institutions du système capitaliste y compris le système électoral tel qu’il existe aujourd’hui. Ce ne sont pas les élections qui changent fondamentalement les choses pour la majorité de la population.

Une République pas si démocratique…

Le système parlementaire républicain avec le principe de l’élection de représentants est un progrès par rapport au système de la monarchie ou de la dictature. Mais les élus ne sont pas représentatifs de la société réelle. Ils sont plus vieux, les hommes sont en surnombre et ils sont quasi exclusivement blancs.

Cette démocratie se limite à mettre un bulletin dans l’urne tous les cinq ans et à donner un chèque en blanc aux élus. S’ils appliquent une politique qui n’a rien à voir avec leurs promesses, on ne peut pas les changer. Il n’y a aucun contrôle de la population sur les élus. En Grèce, le gouvernement actuel n’a été élu par personne et il est en train de mettre en place l’une des cures d’austérité les plus violentes qui soit. Quand la situation l’exige, les capitalistes sont capables de se passer des règles « démocratiques » pour mettre en place des gouvernements composés de banquiers, comme en Grèce ou en Italie.

Ce qui détermine la politique qui est menée, ce n’est pas la couleur politique de tel ou tel gouvernement, ni les individus qui le composent, mais le rapport de forces entre les classes, ainsi que l’état du capitalisme. Quand le système est au bord de la faillite, les attaques sont encore plus violentes pour les jeunes et les travailleurs, car cela correspond aux nécessités des classes dominantes.

Le vrai pouvoir n’est pas à l’Assemblée nationale ou à l’Élysée, mais entre les mains du grand patronat. C’est lui qui décide de tout ce qui fondamental : qu’est-ce qui est produit, quand, où, par qui, à qui le vend-on et à quel prix. Cette démocratie parlementaire lui est bien utile, du moment qu’elle s’arrête à la porte des entreprises !

Il y a une raison simple à cela : les institutions ne sont pas faites pour répondre à nos besoins mais à ceux du patronat.

L’État et ses institutions ne sont pas neutres

Quand on veut augmenter les salaires, on nous dit : « les caisses sont vides ». Pour renflouer les banques en période de crise, là il y a des milliards d’euro de plan de relance. L’État est le garant des profits des patrons en cas de problème.

Et pour s’assurer un contrôle sur la politique que mène le gouvernement, les patrons ne s’embarrassent pas d’artifice. Cela se fait par le moyen le plus sûr : la dette de l’État. Elle est issue des emprunts qu’il contracte auprès des banques et qu’il doit ensuite rembourser. Par ce biais, le grand patronat et les banques à son service ont un contrôle direct sur les investissements de l’État. C’est même devenu l’excuse à la mode pour imposer les plans d’austérité !

L’État a donc une nature et une fonction de classe. Sous le capitalisme, cette classe c’est le grand patronat. En période de crise, où tout peut basculer, l’action des gouvernements divers devient de plus en plus ouvertement la défense de l’ordre établi, de l’ordre économique. C’est la défense des profits d’une minorité de la population par l’exploitation du travail de la majorité. Engels disait : « l’État se résume à un groupe d’hommes en armes ». Cette définition est toujours d’actualité, même s’il a évolué et s’est perfectionné au fil des années, notamment dans ses formes de contrôles, de répression et de soumission idéologique. Son rôle n’est pas seulement de réprimer tout ce qui bouge. Une telle société n’est guère imaginable. Pour maintenir l’ordre, l’idéologie dominante est d’un grand secours aux capitalistes, et en particulier les illusions dans les institutions. Comme le chante le groupe de rap La Rumeur : « La meilleure des polices ne porte pas l’uniforme (…). La meilleure des polices c’est ton taf, ta télé, tes crédits (…). C’est tes retenues sur salaire et le découvert avant la fin de la semaine (…). La meilleure des polices c’est quand les pauvres savent rester à leur place sans besoin de les matraquer. ». On pourrait presque ajouter : quand les pauvres savent rester à leur place et voter sagement tout les cinq ans… !

Mais alors à quoi servent les élections ?

Si, pour les dominants, les élection servent surtout à donner l’illusion que c’est la population qui décide, pour nous elles sont aussi l’occasion de populariser largement nos idées. Pendant les élections, beaucoup plus de monde s’intéresse à la politique. Alors pas question de rester dans notre coin pendant six mois ! La campagne électorale nous permet de porter notre programme et de nous adresser à tout le monde pour proposer une perspective fondamentalement différente : un programme d’urgence anticapitaliste pour faire payer la crise aux capitalistes. Face au déferlement d’idées antisociales et réactionnaires qu’on entend dans cette campagne, il est même utile qu’il existe une voix pour dénoncer l’austérité, combattre le racisme, dire qu’il faut en finir avec le capitalisme par nos luttes. Le but du vote Poutou n’est pas de dire : « Ayez confiance, votez pour ma personne », mais : « Prenons confiance en nous-même, relevons la tête et reprenons le pouvoir par la lutte collective » !

Proposer une perspective révolutionnaire : un gouvernement par et pour les travailleurs

Notre programme n’est pas une série de promesses électorales. Ce sont des revendications pour l’action. Elles s’imposeront par une mobilisation d’ensemble des jeunes et des travailleurs.

Mais les élections ont le mérite de poser une question importante : qui doit diriger la société ? Notre réponse est que ce sont les jeunes et les travailleurs qui doivent prendre le pouvoir. Les politiciens les mieux intentionnés finissent par être bloqués (quand ce n’est pas corrompus) par l’exercice du pouvoir. C’est la structure même du pouvoir qui est en cause, pas les qualités personnelles des élus. Ceux qui possèdent les richesses, les banques, les entreprises ou encore les médias pourront toujours empêcher telle ou telle réforme, voire s’organiser pour virer un gouvernement qui va trop loin contre leurs intérêts. La seule contre-pression, c’est la lutte, la réquisition des richesses et des moyens de production par les travailleurs et les travailleuses. Et cela ne peut pas se décréter par en haut.

Louise Michel, une combattante de la Commune de Paris en 1871, disait : « Le pouvoir donnerait le vertige tant qu’il ne serait pas partagé par tous. » Le fonctionnement de la Commune de Paris a d’ailleurs été l’une des formes de pouvoir les plus démocratiques ayant existé. Le pouvoir était exercé par des députés contrôlés par la base, révocables à tout instant s’ils ne respectaient pas leur mandat.

Un tel gouvernement des travailleurs serait donc le produit de l’auto-activité, de l’auto-organisation des opprimés, du plus petit échelon de la société jusqu’au sommet de l’Etat. Ce nouveau pouvoir serait réellement démocratique et remplacerait les vieilles institutions corrompues. Il ne pourrait qu’être issu de la lutte collective. C’est dans les manifestations, les grèves générales que se forme souvent la conscience de notre force collective, de notre capacité à non seulement bloquer la machine économique pour obtenir satisfaction sur nos revendications mais à aussi aller plus loin : à nous passer des politiciens et des patrons, et à diriger la société tout entière.

Caroline (Comité jeunes 92 nord) et Damien (Comité jeunes Lille)