LES RENCONTRES INTERNATIONALES DE JEUNES : DE LA RÉVOLTE É LA RÉVOLUTION !

Cette année, le camp des Rencontres Internationales de Jeunes aura lieu en Etat Espagnol.

Les RIJ sont un camp de jeunes anticapitalistes, organisé par les jeunes de la Quatrième Internationale (regroupement international d’organisations révolutionnaires, présent dans plus de quarante pays) et des organisations comme le NPA qui entretiennent des relations de solidarité politique avec elle.

Rafa, militant jeune du NPA, témoigne de la situation politique en Etat Espagnol :

Un nouveau cycle de lutte s’est ouvert. D’abord avec la timide tentative de grève générale le 29 septembre 2010 contre les mesures d’austérité du gouvernement Zapatero (socialiste, PSOE). Puis le peuple espagnol s’est reconnu dans les militants tunisiens et égyptiens qui se battaient pour la démocratie. Car ici le Roi a toujours sa tête, les média sont corrompus et très liés au pouvoir, le droit de grève, à peine formel, s’évanouit quand le chômage atteint près de 22% (5 millions de travailleurs-euses) : la “transition” n’a pas changé de régime. Tahrir s’est invitée puerta del Sol, les Indignad@s et Joventud sin Futuro (Jeunesse sans Avenir) ont installé les tentes au soleil : la détermination a été plus forte que la police. C’est le mouvement du 15 mai (15-M), pour la démocratie réelle (Democracia Real Ya !), à l’initiative des mobilisations massives du 19 juin et du 15 Octobre. La crise et le bilan désastreux du gouvernement de Zapatero ont attisé le discrédit envers les institutions, sans empêcher pour autant la droite de Rajoy (PP, Partido Popular ; plus à droite que l’UMP, il organise en son sein des courants d’extrême droite franquistes) de reprendre le pouvoir. La voilà presque hégémonique, dans les municipalités, les communautés (“régions”), et au gouvernement depuis sa victoire le 20 novembre dernier. L’offensive ne s’est pas fait attendre : Rajoy lance une attaque sans précédent contre le droit du travail. Allonger la période d’essai avant embauche ; autoriser le licenciement sans justification pour les petites entreprises ; modifier le contrat de travail – horaires, durée, salaires, poste – pour raisons “économiques, techniques, organisationnelles et productives” ; autoriser le licenciement pour arrêt maladie dépassant 20% du temps de travail sur deux mois consécutifs, soit 8 à 10 jours… bref, il s’agit de dépouiller les salariés, déréguler les conditions de travail, donner toute liberté aux patrons pour modifier salaire, conditions et organisation du travail, discipliner les travailleurs par le chantage au licenciement.

La grève générale du 29 mars fut convoquée par l’ensemble des organisations politiques et syndicales de gauche, ainsi que par le mouvement du 15-M et Juventud Sin Futuro.

La préparation fut massive, tous les jours, partout, des distributions de tracts. Bien que la grève soit convoquée le 29, c’est le 28 au soir que se retrouvent les militants dans la rue. Pas de grève générale sans piquets : la pression sur les travailleurs est énorme, au point qu’un collectif de salariés de 200 entreprises s’est monté sur internet pour demander aux “piqueteros” de passer fermer leurs boites pour leur permettre de manifester !

200.000 manifestants, dira El País vendredi matin. Le gouvernement, toujours à l’offensive, annonce les coupes budgétaires : -17% en moyenne ! C’est la faillite annoncée des systèmes publics de santé ou d’enseignement supérieur… La suite ? Pas encore de réaction des syndicats. C’est pas leur habitude de réagir à chaud.

Pas de repos pour les camarades : le premier congrès d’Izquierda Anticapitalista, maintes fois repoussé, a été maintenu pour ce lendemain de grève générale. 100 délégués (pour 500 militants, en progression) confirment durant le week-end, à 80% et dans une ambiance fraternelle, le projet de reconstruction d’un parti anticapitaliste indépendant.

Résurrection de l’extrême-gauche en Espagne ?

26 avril 2012