Exemple d’introduction pour un topo sur les RIJ et la situation internationale

La situation internationale est toujours marquée par une crise d’ampleur du système capitaliste depuis un peu plus de cinq ans. Si c’est au départ une crise économique, à cela s’ajoute une crise politique dans une série d’endroits. En Europe comme partout dans le monde, les capitalistes tentent de résoudre cette crise en la faisant payer aux jeunes et aux travailleurs. Les politiques qui cassent les droits des travailleurs ne sont pas les mêmes partout dans le monde ni même au sein de l’Europe. De la même façon, on peut voir de fortes explosions sociales dans une série d’endroits. L’idée de cette réunion publique c’est de comprendre la logique de ces attaques bien qu’on ne puisse pas calquer ce qui se passe dans le monde arabe et ce qui se passe en Europe et surtout de voir comment partout dans le monde on résiste à ces attaques. Les capitalistes sont organisés à l’échelle mondiale (avec leurs institutions FMI, BM, etc.) et c’est pour ça qu’il nous faut nous aussi nous organiser à cette échelle pour riposter. La question c’est bien de voir comment on inverse le rapport de force en notre faveur.

Evidemment, les attaques existent partout dans le monde et on ne pourra pas voir toutes les situations. Donc, il y aura une première partie sur ce qui se passe en Tunisie et en Egypte, comment après les processus révolutionnaires initiés au début de l’année 2011, continuent et quelles sont les difficultés. Une deuxième partie sur ce qui se passe en Europe, en particulier en Grèce mais aussi en Etat Espagnol. Une troisième partie sur l’intervention militaire au Mali. Et enfin une dernière partie sur comment on s’organise pour résister et sur les Rencontres Internationales de Jeunes.

I/ La situation en Tunisie et en Egypte : où en sont les processus révolutionnaires ?

En janvier 2011, face à un gigantesque soulèvement populaire en Tunisie, nous avons vu la fin de la dictature de Ben Ali. Face à la pression exercée par la population tunisienne, l’impérialisme français et la bourgeoisie tunisienne n’avaient plus soutenu le dictateur afin d’éviter que les mobilisations ne s’attaquent au cœur même de leur système et de leurs privilèges. Une « transition démocratique » a depuis lors été menée par une coalition dominée par le parti islamiste Ennahda. Avec des flux et des reflux, la contestation a continué. Ennahda, au pouvoir depuis plus d’un an, s’est montré particulièrement réactionnaire à tous les plans. Les droits des femmes ont été attaqués par ce parti, qui s’emploie actuellement à remplacer l’égalité hommes-femmes inscrite dans la constitution par une « complémentarité » des sexes qui réduit les femmes à un statut subalterne. D’un point de vue économique, Ennahda a accentué les politiques néolibérales, signant un nouvel accord de libre-échange avec l’Union Européenne, réprimant férocement tous les mouvements sociaux. Diplomatiquement, son alignement sur les pays du Golfe, sur les États-Unis et sur l’UE en fait un allié objectif de l’Etat colonial israélien ; une délégation d’hommes d’affaires tunisiens, conduite par l’UTICA (le Medef tunisien), a d’ailleurs fait une visite à Israël début mars 2013. Par ailleurs, Ennahda refuse de dissoudre ses milices extra-étatiques. Il en résulte un climat pesant de violences politiques, de provocations et d’agressions quotidiennes de femmes et de militants syndicaux et politiques de gauche. Le 4 décembre 2012, le siège de l’UGTT à Tunis (le principal syndicat des travailleurs et travailleuses tunisien-ne-s) a ainsi été mis à sac ; le 6 février, Chokri Belaïd, un leader emblématique de la gauche radicale, a froidement été assassiné, ce qui a déclenché des manifestations de masse dans tout le pays, ainsi qu’une grève générale dirigée par l’UGTT qui a paralysé toute l’économie le 8 février. On avait pu voir aussi des grève de l’éducation massive ( suivie à 93 %) le 22 et 23 jannvier. Ainsi, le 22 janvier, aucun établissement n’a ouvert ses portes dans la région de Sidi Bouzid. Les grèves partielles se multiplient et une grève générale de tous les aéroports est prévue du 18 au 20 mars. Le pouvoir d’Ennahda est profondément déstabilisé. Une grande partie du peuple tunisien, notamment des classes populaires et de la jeunesse, est désormais convaincue qu’Ennahda ne sert pas leurs intérêts et ceux de la révolution.

Aujourd’hui, sous l’effet de la crise économique mondiale, la situation sociale tunisienne empire : il y a 200 000 chômeurs de plus qu’avant la chute de Ben Ali. 42% des Tunisiens ont moins de 25 ans. Alors que le gouvernement de soi-disant transition démocratique n’a en rien répondu aux aspirations sociales du peuple tunisien. Pour approfondir les acquis de la révolution qui ont permis de dégager Ben Ali seule une mobilisation de l’ensemble des travailleurs et de la population permettra de gagner de véritables droits sociaux et démocratiques.

En Egypte, dans la foulée de la révolution tunisienne, la révolution a commencé le 25 janvier 2011 par des manifestations initiées par des jeunes. Les Frères musulmans prennent le train en marche, puis acceptent de négocier seuls avec le pouvoir. Face aux manifestations et au développement considérable des grèves, l’armée destitue Moubarak le 11 février. Comme l’armée n’avait pas tiré sur la foule, la majorité des révolutionnaires lui ont fait confiance pour assurer la période de transition. Mais moins d’un mois après la chute de Moubarak, la police militaire disperse par la force les occupants de Tahrir. Le 19 mars, le référendum sur la Constitution provisoire donne au Conseil militaire une base légale pour assurer la Présidence de la république. Dès le 23 mars, les grèves sont criminalisées et des travailleurs en lutte sont traduits devant les tribunaux militaires. Dans un contexte de redémarrage des grèves et de persistance de mobilisations de rue, la répression se déchaîne. Celle-ci est approuvée par les Frères Musulmans. Les élections législatives (du 28 novembre 2011 au 10 janvier 2012) donnent une très large victoire aux islamistes. La nouvelle Assemblée nationale déçoit. Rapidement la concurrence pour le pouvoir se développe entre les Frères Musulmans et les militaires. C’est en particulier le cas lors des élections présidentielles de mai 2012. Au premier tour (23 et 24 mai 2012), le total des voix refusant à la fois les militaires et les islamistes se retrouve en seconde position, mais elles se dispersent entre quatre candidats. Le seul choix laissé aux électeurs est alors entre les Frères Musulmans et les militaires  ! Au second tour, c’est finalement Morsi, candidat des Frères Musulmans qui l’emporte. Il conclut un accord avec les militaires laissant des prérogatives exorbitantes à l’armée.

Parvenu au pouvoir, le Président islamiste ne tient aucune de ces promesses, et à partir du 2 octobre, les manifestations et les grèves repartent de plus belle. Elles n’ont pas cessé depuis. Face à cela, le pouvoir manifeste une nervosité croissante envers l’opposition. Par une déclaration constitutionnelle qu’il émet le 21 novembre 2012, Morsi se donne de véritables pouvoirs dictatoriaux. Très rapidement, des manifestations de protestation ont lieu dans tout le pays. Il y a certains jours autant de monde dans la rue et sur la place Tahrir que pendant les jours ayant précédé la chute de Moubarak. Les milices des Frères Musulmans dispersent par la force le sit-in devant le palais présidentiel et torturent des manifestants. Morsi organise à la va-vite un référendum par lequel le Oui l’emporte avec 64 % des suffrages exprimés, dans des conditions de fraudes massives. Le compromis passé entre les islamistes et les militaires est entériné dans la Constitution.

La contestation se cristallise dans certaine villes comme c’elle de Port-Saïd et de Mahalla par des tentatives de pouvoir direct : police populaire (la police rentre dans la grève et refuse de s’opposer au peuple), éducation des enfants de manière autogéré et manifestation qui s’accompagne de slogans comme « nous n’avons pas besoin de ministre de l’intérieur, nous avons des comités ! ». Mais l’absence de lien réel entre grève et mouvement insurrectionnel, ne donne pas encore de réel perspective au mouvement sociale Egyptien. Avec une opposition ( le Front de salut national) rongé par ses désaccords interne, rejetté par le fait que ses dirigeants ont était dans les institutions du gouvernements Moubarak et qu’ils préfèrent encore le régime des Frères musulmans à celui de la rue, il reste encore un pas à franchir aux travailleurs et jeunes égyptiens. La construction d’une réelle force politique au service de la population et non au régime bourgeois de Morsi qui permettrait une convergence des luttes et le renversement du pouvoir autocratique des Frères Musulmans.

Il est important d’ajouter que de fortes explosions sociales ont aussi lieu dans d’autre pays du monde arabe comme en Syrie par exemple et bien évidemment en Palestine.

II/ Europe : entre attaques et résistances

En Europe, les politiques d’austérité continuent toujours avec des différences de niveaux d’attaque entre les pays considérés comme les bons éléments de l’UE et les mauvais éléments (en particulier la Grèce et l’Etat Espagnol), mais partout les gouvernements qu’ils soient soi-disant de gauche ou de droite tiennent le même discours : celui de l’intérêt « collectif ». Pourtant ce sont toujours des cadeaux dans les poches des capitalistes et des travailleurs qui en payent les conséquences ! Dans les 27 pays de l’Union européenne, dont évidemment la France, le chômage augmente. D’après les statistiques publiées par la commission européenne elle-même, il y avait fin janvier 26, 2 millions de personnes sans emploi, soit 10, 8 % de la population active. En Grèce, ce chiffre atteint 27 %, 26, 2 % en Espagne et 17, 6 % au Portugal. Les jeunes sont les premières victimes. 5, 7 millions de moins de 25 ans sont sans travail, soit plus de 23 %. Mais ils sont près de 60 % en Grèce, plus de 55 % en Espagne, plus de 38 % en Italie et au Portugal.

En Italie, Le 3e plan d’austérité décrété par le gouvernement de Mario Monti est tout entier tourné vers la satisfaction des banquiers et des marchés financiers. L’extrême dureté des mesures concernant la retraite, le pouvoir d’achat vont inévitablement appauvrir les couches populaires. L’allongement de la durée de cotisations passant à 42 ans pour les hommes et 41 ans pour les femmes dès janvier 2012, mais aussi le report de l’âge légal de départ en retraite à 66 ans c’est un signe de plus que la crise du système capitaliste est une occasion pour détruire les droits sociaux. Le chiffre de 1000 euros en moins en termes de pouvoir d’achat est actuellement cité.

En Grèce, un nouveau plan de rigueur a été adopté le 7 novembre dernier par le parlement grec. Ce mémorandum conditionne le versement d’une nouvelle tranche d’«  aide  » de 34, 4 milliards d’euros par la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et FMI), dont la majeure partie doit servir à recapitaliser les banques grecques. Il prévoit notamment de nouvelles baisses des pensions de retraite, des salaires du secteur public, des prestations sociales et des dépenses de santé, et repousse de 65 à 67 ans l’âge légal de départ à la retraite. Il a été adopté sur fond d’une nouvelle hausse de la pauvreté, du chômage (26 % en septembre dernier, contre 18, 9 % un an plus tôt, soit 1 295 203 chômeurs) et de la popularité de l’organisation d’extrême droite fasciste, l’Aube Dorée, passée troisième force politique dans tous les derniers sondages. Un quatrième mémorandum pourrait voir le jour dans les mois à venir, tant l’objectif affiché officiellement de ramener la dette du pays à 120 % du PIB en 2020, contre environ 190 % actuellement, est jugé irréaliste par ceux-là même qui l’ont imposé, à savoir la Troïka. Face à cette attaque sans précédent par sa durée et sa profondeur, les résistances ne manquent pas. Les grèves et les manifestations qui ont éclaté contre le nouveau plan de rigueur dévoilent une détermination et une colère populaires intactes, malgré l’incapacité du mouvement à stopper l’attaque de ce qu’on appelle en Grèce «  les deux Troïkas  »  : celle de l’extérieur… et celle de l’intérieur, à savoir le gouvernement actuel composé de la Nouvelle Démocratie (la droite classique), du Pasok (le parti socialiste) et de la Dimar (Gauche démocratique, ancien courant droitier du parti de gauche Syriza).

Cependant la résignation ne l’a toujours pas emporté, malgré les difficultés. L’adoption du mémorandum 3 n’a pas fait taire les résistances. Et ce malgré la stratégie des directions syndicales qui se répète : appel à la grève générale, c’est-à-dire interprofessionnelle, le jour du vote du plan d’austérité ou le jour précédent. A chaque fois, ces journées – vingt-cinq depuis 2010 – ont été bien suivies. Ainsi, la manifestation du 7 novembre 2012 a rassemblé entre 45 000 et 70 000 manifestants à Athènes. Selon les centrales syndicales du privé et du public, la GSEE et Adedy, le nombre de grévistes était supérieur à 90 % dans des secteurs comme les transports, les banques, le commerce, les ports, la poste et les hôpitaux. Les directions syndicales se limitent donc à un rôle de pression sur les députés, pour qu’ils ne votent pas les plans de rigueur. Les travailleurs sont donc face à des résistances locales et isolées, dont la portée est limitéé et la victoire incertaine.

De même dans l’Etat Espagnol, les politiques d’austérités s’accompagnent de révélations médiatiques sur des politiciens corrompus. La résistance existe, on a ainsi pu voir de véritables marées humaines notamment dans les rues de Madrid, notamment le 23 février dernier avec des centaines des milliers de manifestants.

Cependant les journées appelées par les syndicats restent des journées isolées sans de réelles perspectives derrière, ne permettant pas d’inverser le rapport de force en faveur des jeunes et des travailleurs. Au Portugal, les manifestations du 2 mars 2013, dans 40 villes du Portugal ont réuni 1, 5 million de personnes contre la troïka (FMI, BCE, UE) et le gouvernement de coalition de droite, qui tente de réduire les salaires et les subventions, d’opérer les licenciements massifs et, enfin, de permettre un transfert massif de ressources du Travail vers Capital. Sous la pression de manifestation d’ampleur lié au prix de l’électricité, le gouvernement bulgare a démissionné le 20 février dernier, nous prouvant comment il est possible de faire chuter nos gouvernements par des luttes d’ampleur.

III/ Non à la guerre impérialiste au Mali !

Enfin, la situation au Mali avec l’intervention militaire décidée par le gouvernement Holande pose la question avec actualité bien évidemment de la solidarité avec le peuple Malien mais aussi de combattre notre impérialisme. Le gouvernement français prétend pouvoir régler une situation qu’elle a largement créée. La société malienne a été laminée par des années de plans d’ajustement structurel imposés par le FMI pour le remboursement de la dette malienne, pour lequel la France est directement intéressée. C’est encore l’Etat français qui, par le biais de la CEDEAO dirigée par Ouattara- dont on sait à quel point il doit beaucoup à l’armée française dans son accession au pouvoir en côte d’Ivoire en 2011- a alimenté le chaos politique au Mali, en représailles de la destitution en Avril 2012 de la présidence corrompue d’Amadou Toumani Touré que la France soutenait. Et privant aussi l’armée malienne de ses moyens logistiques. Une forte partie de la population malienne et nombre de travailleurs maliens immigrés en France ont été soulagés par l’intervention de l’armée française face à l’oppression du fanatisme religieux au nord Mali. Mais l’armée française n’est en rien intervenue pour protéger la population mais pour ses intérêts impérialistes.Ce ne sont pas des raisons humanitaires qui motivent la guerre française au Mali, mais des intérêts impérialistes, dans la continuité de la France Afrique. Effectivement, cette guerre permet à la France d’envoyer des troupes militaires pour sécuriser les mines d’uranium d’Areva Au Niger.

Aujourd’hui, alors que l’armée malienne reprend le terrain sur les traces de l’armée française, on apprend déjà qu’elle se livre à un certain nombre d’actions de représailles contre une partie de la population, en l’accusant d’avoir été complice des islamistes. Au point qu’on peut déjà se demander quelles nouvelles catastrophes, quels nouveaux massacres se préparent avec la reconquête du Nord-Mali par l’armée française et par les armées de pays africains. Cette guerre impérialiste, comme toutes les précédentes – Irak, Afghanistan, Somalie…- n’alimentera que le chaos, la guerre civile et renforcera en réalité les extrémistes religieux, qui servent justement de prétexte à la France pour intervenir au Mali. Nous devons soutenir le peuple Malien et évidemment dénoncer l’impérialisme et l’ingérence français, pour l’auto-détermination des peuples !

IV/ Comment résister ? Comment s’organiser ?

Nous voyons donc bien que les attaques se font à l’échelle mondiale et que le but pour les capitalistes est bien de recouvrer leur taux de profits en nous faisant payer la crise ! Pour inverser le rapport de force en notre faveur, il est important de prendre conscience que nous devons nous organiser à l’échelle internationale : les capitalistes l’ont bien compris et ils le sont déjà (OTAN, FMI, G20, etc). L’intérêt commun d’une nation n’existe pas, ce sont bien les classes sociales qui ont des intérêts et ceux notre classe sociale, celle des travailleurs est bien de renverser le capitalisme !

Nous devons donc nous organiser pour le renverser car il ne se détruira pas tout seul !

C’est pourquoi, nous vous proposons de venir aux Rencontres Internationales de Jeunes. Les RIJ sont un camp de jeunes, organisé par les jeunes de la quatrième Internationale (regroupement international d’organisations révolutionnaires, présent dans plus de 40 pays). C’est une semaine de rencontre entre militants, sympathisants et curieux de toute l’Europe et au-delà (Palestine, Mali, Venezuela, Mexique, Etats-Unis, Phillipines…). Des débats, des commissions, des meetings, des formations, des fêtes ont lieu tous les jours. C’est une semaine où on met en pratique notre internationalisme. C’est aussi une semaine où l’on tente de pratiquer nos idées : lutte contre les préjugés sexistes, racistes, homophobes…, partage des richesses (une monnaie interne permet de combattre les inégalités entre pays), autogestion (ce sont tous les participants qui prennent en charge collectivement le nettoyage, la bouffe, l’organisation, le bar…).

La quatrième internationale est partie prenante des luttes contre le sexisme, l’homophobie et toutes les formes d’oppression sur lesquelles s’appuie l’Etat bourgeois. Elle s’inscrit aussi dans les luttes écologistes, qui rejoignent celles contre le capitalisme car c’est cette recherche effrénée de profits qui détruit notre planète. Cette année les rencontres internationales de jeunes se tiendront du 3 au 9 août en Grèce. Ces RIJ seront exceptionnelles puisqu’elles se tiendront cette année dans le pays d’Europe le plus touché par la crise et celui qui a aussi connu le plus de résistances ces dernières années.