Le Poing Levé – n°100 – 24 février 2014 – Ils s’en prennent à  nos corps, à  notre avenir… Pour un 8 mars de combats féministes !

Le 1er février, nous étions 40 000 à Paris pour le droit à disposer de notre corps, en soutien à nos camarades de l’Etat espagnol qui subissent aujourd’hui l’une des attaques les plus brutales contre le droit à l’avortement. Cette unité combative du mouvement féministe fait notre force, par delà les frontières, et trace la voie à suivre pour les luttes à venir.

Ils veulent nous faire payer leur crise !

Après 7 ans de crise, on compte aujourd’hui plus de 5,5 millions de chômeurs en
France, et près de 30 000 licenciements par mois. Une fois de plus, ce sont nous les
femmes qui en pâtissent le plus durement : on représente aujourd’hui 80% des emplois
pauvres et précaires, quand nos salaires sont en moyenne 27% inférieurs à ceux
des hommes. Cette situation, qui accentue les pressions à « retourner au foyer », ne
fait que renforcer l’oppression et les violences vécues dans la sphère domestique, vis-à-vis du père, du frère, du conjoint. Les femmes travailleuses sont une soupape pour
le capitalisme : lorsque la crise arrive, elles sont des centaines de milliers licenciées
ou avec des conditions de vie et de travail dégradées.

En poursuivant les politiques d’austérité dans les services publiques (hôpitaux, enseignement,
maternités…), le gouvernement « de gauche » s’attaque de fait à nos droits,
car nous en sommes à la fois la main d’oeuvre majoritaire et les principales usagères.

Depuis 10 ans, ce sont 180 centres IVG et 144 maternités qui ont fermé, sans compter
les suppressions de postes un peu partout dans la fonction publique hospitalière et
éducative. On le sait, ces politiques touchent avant tout les femmes des classes les
plus populaires, celles qui n’auront pas les moyens de s’offrir une clinique ou une
infirmière particulière. Dans les universités, les filières les plus féminisées sont les
premières victimes des coupes budgétaires.

Mais les classes dominantes sont déterminées à aller beaucoup plus loin, pour imposer
un recul historique qui constituerait un grand bond en arrière pour nous toutes.

C’est ce dont témoigne l’offensive du gouvernement PS-Medef autour de son « Pacte
de responsabilité », avec 35 milliards de cadeaux au patronat et une casse sans précédent
de la Sécu, l’une des plus grandes conquêtes du mouvement ouvrier.

Contre l’extrême droite et les réactionnaires : nos corps nous appartiennent !

Faisant du désespoir leur fond de commerce, les charlatans de l’extrême droite ont
repris du poil de la bête depuis début 2013. Or, c’est à nous les femmes qu’ils s’en
prennent tout particulièrement, avec leur ordre moral patriarcal, leurs velléités de
contrôle de nos corps et de nos sexualités, leur chasse aux immigré-e-s et aux sans-papiers.

Nous ne pourrions exister que derrière un père, un frère, un mari, dans un
couple hétérosexuel et au foyer ! Cela alors que l’une d’entre nous meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint ou de son ex !

Après les « Manif pour tous » les réacs de l’an passé ont repris la rue depuis ce début d’année, contre le droit à l’avortement puis contre une prétendue « familiophobie
 » du gouvernement. Car quand ces réactionnaires du 21ème siècle ne
trouvent pas de raisons de manifester, ils en inventent ! C’est le cas avec la
manipulation autour d’une prétendue « théorie du genre » enseignée aux élèves
de primaires. Et c’est sous la pression de ces secteurs rétrogrades, Eglise catholique
en tête, que le gouvernement cède en repoussant aux calendes grecques
l’égalité entre couples homo et hétéros en matière de procréation médicalement
assistée. Pour que les réacs ne se sentent pas pousser des ailes, nous devons
reprendre la rue. Nos corps nous appartiennent, c’est à nous de décider de notre
sexualité, de notre genre, de notre apparence ! Et cela que l’on soit Français-e-s
ou immigré-e-s, homo, hétéro, bi ou trans, avec ou sans-papiers.

En France et dans le monde les femmes en lutte

Comme chaque année, la classe dominante et ses médias mettent en avant
l’image d’un 8 mars folklorique, « fête des femmes » et jour de bonnes affaires
pour les fleuristes. Cette journée internationale des femmes est en fait depuis plus d’un siècle celle de leurs
luttes contre l’exploitation et l’oppression. D’ailleurs, si elle est fixée le 8 mars, c’est en souvenir des ouvrières
d’une usine textile de New York, brutalement réprimées le 8 mars 1857 alors qu’elles étaient en grève contre
les journées de 12h et les salaires de misère. Soixante ans plus tard, des dizaines de milliers de femmes sont
descendues dans les rues de St-Petersbourg le 8 mars 1917 contre la guerre et la vie chère, premier acte de la
révolution russe.

Depuis le début de la crise, les femmes sont les protagonistes de mobilisations importantes. En Tunisie, en
Egypte, elles sont des centaines de milliers à avoir manifesté, faisant chuter des dictateurs, défendant leurs
droits. Dans l’Etat Espagnol, le mouvement féministe a pris la rue et mis Rajoy en minorité dans son projet de
loi ultra-réactionnaire contre le droit à l’avortement. En France aussi, les femmes luttent contre les licenciements
(qu’on pense aux salariées des 3 Suisses regroupées dans les Licenci’Elles l’an passé), contre la casse du service
public de santé (lutte pour le maintien des centres IVG comme à Tenon ou à la maternité des Lilas, grève des
sages-femmes pour un meilleur statut) ou encore contre la précarité comme les femmes de chambre des hôtels
Hyatt à deux reprise depuis 3 mois. Ce 8 mars est pour nous celui de toutes ces luttes…qui ne sont pas que
l’affaire d’une journée !

Avortement et contraception libres, gratuits, anonymes et disponibles à partir de nos facs et nos lycées

Un présalaire d’autonomie pour tou-te-s les jeunes

Des services de santé et des crèches sur nos lieux d’études et de travail

Ni précaires, ni stagiaires, on veut des vrais boulots

A bas le Pacte de responsabilité du gouvernement PS-MEDEF