Faisons reculer l’extrême-droite et ses idées réactionnaires

Depuis la rentrée, tout le monde politico-médiatique s’interroge sur la probable candidature d’Eric Zemmour, qui, depuis le débat contre Jean-Luc Mélenchon est désormais crédité à 13% des intentions de vote d’après un sondage Harris Interactive. Récemment, le polémiste réactionnaire a tenu à mettre en avant une de ses mesures phares : l’interdiction de prénom d’origine étrangère ! Voilà qui devrait résoudre chômage, précarité, bas salaires…

Des courants propulsés d’en haut

Zemmour s’ajoute au cortège des politiciens d’extrême droite qui occupent déjà la scène : on se souvient du succès du documentaire complotisteHold-up, dans les manifestations anti-pass sanitaire dont Philippot se voulait fer de lance. Ces idées-là sont aussi portées par de nombreuses figures, influenceurs, youtubeurs, chroniqueurs et tik-tokers. On peut se rappeler de la vidéo “anti-gauchiste” de Papacito l’été dernier. Certes, l’extrême droite ne vient pas d’apparaître : Le Pen passait déjà le premier tour en 2002, mais force est de constater que désormais ces idées peuvent s’étaler sans honte dans tous les milieux. Tout en criant à la censure de ses idées, Zemmour déverse sa propagande raciste sur les ondes depuis plus d’une dizaine d’années : c’est toute une frange du patronat qui le soutient, en particulier Bolloré, qui possède le groupe Canal +. La montée de l’extrême-droite n’est pas cantonnée à la France, les cinq dernières années ont vu fleurir les expériences de gouvernement réactionnaire : Bolsonaro au Brésil, Trump aux États-Unis, ou encore Orban en Hongrie.

Un programme de division des travailleurs

Ce déversement de haine financé d’en haut n’a qu’un but : diviser les travailleurs pour mieux les exploiter. La vision rétrograde de la femme est partagée par tous. Zemmour se plaint sans cesse d’une “féminisation accrue de la société”. Dans leur délire, tous veulent enfermer la femme et lui dénier toute liberté. L’avortement est un des droits attaqués par les obscurantismes de tous styles : en Pologne, au Texas… Abrutir la moitié de l’humanité, l’enchaîner dans l’obscurité du foyer : belle façon de faciliter l’asservissement de tous. Les délires sur la “pureté de la race” (Zemmour) qui sont proférés plus ou moins ouvertement par tous ces politiciens ont la même fonction de division. Quant à l’obsession de l’insécurité, elle leur sert de prétexte à leur racisme autant qu’à préconiser un renforcement outrancier des forces répressives. Façon d’oublier que l’insécurité est d’abord sociale.

Ces politiciens ont-ils quelque chose à dire à propos des salaires, des retraites, des prix en hausse… ? Rien. Il faut préserver les profits des entreprises. Ils préfèrent dénoncer “l’assistanat” et la “fraude sociale” : c’est-à-dire les pauvres. Mettre l’accent sur un faux problème migratoire et diviser les travailleurs pour imposer des mesures réactionnaires et anti-sociales, voilà la politique de toute l’extrême-droite, de Zemmour à Le Pen !

Les liens entre l’extrême-droite et le patronat sont nombreux, Trump et Le Pen étant eux-mêmes des milliardaires proches de certains milieux d’affaires. Zemmour est clairement propulsé par Bolloré et un certain Julien Madar, ancien banquier d’affaires spécialisé dans la fusion-acquisition, fait le lien entre Zemmour et les représentants du patronat.

Les meilleurs ennemis de l’extrême-droite

Vidal et Blanquer dénonçant “l’islamo-gauchisme”, Darmanin regrettant que Le Pen soit “trop molle” : le gouvernement reprend la rhétorique de l’extrême-droite pour grappiller des bulletins de vote. Dernière démagogie raciste en date : durcir les conditions d’octroi des visas en provenance d’Algérie, de Tunisie et du Maroc. Pour faire oublier l’offensive patronale, la réforme des retraites, de l’assurance-chômage, qui ne sont pas vendeuses électoralement… autant faire diversion en nourrissant des idées nauséabondes, en pointant du doigts les immigrés, et pour les plus complotistes, à dénoncer le “grand remplacement” ou les “islamo-gauchistes” !

Quant à la gauche, elle aussi chasse sur les terres des pires réactionnaires. De Mélenchon et ses sorties racistes contre les Tchétchènes ou les travailleurs détachés, à Roussel qui entend “renvoyer chez eux” les demandeurs d’asile qui ne l’obtiennent pas. Les partis de gauche au pouvoir n’hésitent pas à poursuivre la même politique que leurs soi-disants adversaires. Les rafles de sans-papiers se sont intensifiées sous Joxe puis Jospin. C’est Hollande qui a tiré des tiroirs moisis de l’extrême-droite la mesure de déchéance de nationalité. On se souvient du racisme tranquille d’un Manuel Valls. Tous reprennent en chœur le concert de louanges à la police qui auraient besoin de plus de moyens, toujours plus de moyens pour faire son travail – mais de façon “républicaine” ! Certains veulent se poser en “forces démocratiques” : ils sont les meilleurs ennemis de l’extrême-droite. Ils ne font que copier hypocritement et légitimer les idées nauséabondes de ceux qui veulent les appliquer ouvertement.

C’est par les luttes qu’on fera reculer l’extrême-droite

A-t-on entendu Zemmour, Le Pen ou Philippot s’exprimer sur les centaines de milliers de travailleurs descendus dans les rues pour les retraites ? Les a-t-on entendus s’exprimer sur les Gilets Jaunes, sinon pour déplorer leur “gauchisation” ? En Pologne, de nombreuses manifestations ont éclatés l’hiver dernier suite à des restrictions sur le droit à l’avortement menées par un gouvernement ultraconservateur. De même, après l’application au Texas d’une loi promulguant l’interdiction de l’avortement dès la 6ème semaine de grossesse même en cas de viol, plusieurs milliers de manifestants sont descendus dans la rue.

Au-delà de l’affrontement mis en scène, tous les partis qui ont une chance de gagner mèneront les mêmes politiques anti-ouvrières. Rappelons par exemple que pendant la crise Covid, tous les partis de gauche comme de droite ont voté à l’Assemblée les crédits accordés aux entreprises sans condition de maintien des emplois! On a vu ainsi des entreprises grassement subventionnées par l’État licencier des ouvriers. On a fait mieux comme défense de la classe ouvrière…

Le seul barrage à l’extrême droite qui vaille, c’est celui qui se construit en nous organisant et en luttant ensemble dans la rue, sur nos lieux de travail et d’études.