Solidarité avec les femmes et les peuples d’Iran !

Le meurtre sexiste, l’étincelle de la révolte

Le 16 septembre, les autorités iraniennes annonçaient la mort de Mahsa Amani, une jeune femme iranienne de 22 ans et d’origine kurde. Cette dernière avait été arrêtée par la police pour « tenue et mœurs inappropriées » : des cheveux apparaissaient sous son voile. Devant la réaction indignée de la population, la police a d’abord évoqué des problèmes cardiaques, mais la ficelle est trop grosse. De nombreuses iraniennes se retrouvent ainsi en première ligne dans de nombreuses manifestations, malgré la menace de la répression qui a déjà fait des dizaines de victimes. Dans ces manifestations, des femmes dénoncent ouvertement leur volonté de renverser le pouvoir islamique, synonyme d’oppression des femmes et LGBT et d’exploitation violente. Pour certaines, cela passe par le rejet du voile, ces images défilant en boucle sur les réseaux sociaux iraniens. Ces manifestations réunissent aussi des hommes, et l’ensemble des minorités nationales, surmontant les divisions instrumentalisées par le régime.

Une situation explosive depuis quelques années

Cette révolte se fait sur le fond d’un contexte social et politique déjà tendu. Le pays est dirigé depuis 1979 par une clique religieuse chiite, les mollahs, dans une dictature particulièrement violente, notamment contre les femmes et les travailleurs. Les grévistes sont molestés par la police du régime, les opposants sont torturés et tués. Les femmes sont soumises à une obligation du port du voile, et à une idéologie islamiste particulièrement barbare et rétrograde, qui les confine dans la sphère domestique. Depuis 2019, l’Iran subit une violente récession économique. Sa dépendance vis-à-vis de l’étranger, la crise du Covid, et les fluctuations sur le marché du pétrole accroissent la crise sociale en Iran, la pauvreté et la misère explosent : ce qui avait amené à de fortes mobilisations de la classe ouvrière, notamment à l’usine d’Haft Tapeh en 2018 pour le paiement des salaires.

Les réacs à l’assaut du droit à disposer de son corps

Certes tous les pays du monde ne sont pas des régimes intégristes, mais la lutte des femmes iraniennes s’inscrit dans un contexte d’une montée dans le monde entier des courants réactionnaires. En Afghanistan, le retour au pouvoir des talibans, a été un déchaînement de violence contre les femmes et l’imposition d’une idéologie religieuse obscurantiste à toute la population.

Dans plusieurs pays du Moyen-Orient, dont certains sont des partenaires privilégiés des pays riches dans la vente d’armes et du pétrole, comme l’Arabie Saoudite ou les Émirats arabes unis, des dictatures théocratiques réactionnaires sont en place, qui pratiquent elles aussi un sexisme débridé et le meurtre des opposants. Et même dans les démocraties bourgeoises des pays riches, les attaques sexistes pleuvent : le droit à l’avortement est menacé en Pologne, Hongrie, et dernièrement aux États-Unis, où de nombreux états profitent de la révocation par la cour suprême de l’arrêt Roe vs Wade pour attaquer le droit à l’avortement voire carrément l’interdire. Et même en France, les baisses de subventions aux centres IVG, aux maternités, et associations de prévention, ainsi que l’accroissement des déserts médicaux rend chaque jour plus difficile d’avoir accès à l’avortement comme on l’entend.

La lutte des femmes iraniennes est celle de toutes les femmes

Mais l’histoire récente est aussi porteuse d’espoir : les femmes d’Amérique Latine se battent par millions depuis plusieurs années pour obtenir le droit à l’avortement et obtiennent des avancées conséquentes. La lutte des femmes iraniennes, suivie par le reste de la population d’Iran, nous montre la voie à suivre pour garantir nos droits à disposer de nous-même, et pourrait bien renverser la table. Solidarité avec les femmes iraniennes et du monde entier !

Tract national du 26 septembre 2022