Contre la barbarie en barbelés, ouvrons les frontières !

L’Ocean Viking a finalement pu débarquer ses 230 passagers jeudi dernier à Toulon, mais leur calvaire est loin d’être terminé. Après plusieurs semaines d’errance faute d’obtenir une autorisation d’accoster, les naufragés, dont bon nombre sont dans un état de santé dégradé, ont été enfermés, gardés par l’armée, dans une prison à ciel ouvert, et la moitié devra quitter le territoire. Il y a presque un an, c’était 27 personnes qui mourraient dans La Manche alors qu’elles tentaient de traverser la frontière entre la France et le Royaume-Uni. Malgré les atermoiements du gouvernement à l’époque, rien n’a changé concernant le traitement des migrants en Europe, et les larmes de crocodiles ne masquent pas la dure réalité des frontières, réalité inhérente au système capitaliste qui s’appuie sur les divisions pour mieux faire régner la loi des patrons.

400 jeunes migrants livrés à eux mêmes 

Depuis plusieurs mois, alors que l’hiver approche, des centaines de jeunes migrants survivent dans des tentes dans des conditions déplorables sous un pont d’Ivry-sur-Seine, aux portes de Paris. La justice française refuse pour l’instant de reconnaître leur statut de mineur et l’Aide Sociale à l’Enfance leur est refusé tant que leur âge n’a pas été « prouvé ». Mineurs ou pas, il est inacceptable que dans un des pays les plus riches du monde, des centaines de personnes fuyant la misère ou la guerre dorment dans la rue ! Et ce pont d’Ivry est loin d’être un cas isolé : dans de tels cas, l’État français finit souvent par envoyer ses flics pour repousser la misère un peu plus loin.

Méditerranée : plus de 25 000 migrants ont trouvé la mort depuis 2014

C’est l’Organisation internationale pour les migrations qui l’affirme : depuis 2014, plus de 25 000 migrants sont morts en Méditerranée en tenant de rejoindre les côtes européennes, dont 1 900 encore cette année. Les seuls responsables seraient des passeurs sans scrupules ? Mais ceux-ci prospèrent grâce à la politique anti-migrants des différents États de l’Union européenne qui multiplient les obstacles, les murs, les législations et les mesures de répression pour faire du périple de ces migrants un enfer. Et on voit les conséquences d’une telle politique qui fait de la Méditerranée un véritable cimetière pour des dizaines de milliers de personnes qui fuient la misère, les famines et les guerres. À bas les frontières : liberté de circulation et d’installation

Surenchère raciste de tous les côtés

Les politiciens rivalisent de de déclarations racistes. Premier prix pour le Rassemblement National à l’Assemblée lorsque le député LFI Carlos Martens Bilongo a été sommé de « retourner en Afrique » par un membre du groupe RN. Défense de ce dernier ? Il fallait comprendre « Qu’ils retournent en Afrique » car il parlait… d’un bateau de migrants. Un choix d’interprétation entre le racisme et le… racisme ! Mais ce n’est pas tout ! Ancien député et sénateur « socialiste », l’ancien maire de Lyon rallié à Macron sous lequel il fut ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb a reçu les chaleureuses félicitations de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour pour ses positions sur l’immigration. Et pour cause :dans les colonnes du magazine Le Point, il s’en est pris violemment au chef de l’État auquel il reproche d’avoir laissé débarquer à Toulon les 234 migrants de l’Ocean Viking (dans les conditions qu’on connaît…). Attiser le racisme par le haut n’est pas l’apanage de la seule extrême-droite traditionnelle.

Pour le MEDEF, la liberté…de se faire exploiter

Début novembre, Darmanin (ministre de l’Intérieur) et le ministre du travail dévoilaient les contours d’une nouvelle loi « immigration ». Au programme, la mise en place de titres de séjours « métiers en tension ». Quand on traduit dans la langue du pognon, ça donne : « on accepte de t’accueillir, mais seulement pour travailler là où le patronat galère à embaucher – souvent à cause des conditions de travail pourries et des salaires de misère – comme dans l’hôtellerie ou le BTP ! ». Et Darmanin rassure aussitôt l’extrême-droite dans une interview sur BFM : “Si le métier n’est plus en tension, évidemment cette personne perdrait son titre de séjour au bout d’un an”..! Bref, “tu viens, tu travailles, tu pars”. Le sort des migrants ne doit pas être suspendu au bon vouloir et aux besoins des patrons. Régularisation pour toutes et tous, sans conditions !