Borne a annoncé mardi 10 Janvier les grandes lignes de la réforme des retraites que le gouvernement et le patronat voudraient nous faire avaler. On connaissait déjà les couplets de la chanson : l’âge légal de la retraite serait repoussé à 64 ans ; l’allongement de la durée de la cotisation à 43 ans arriverai dès 2027, quitte à rester au boulot jusqu’à 67 ans pour ceux qui ne les auraient pas, afin d’avoir une retraite à taux plein. Avec à la clé pour beaucoup d’entre nous la baisse réelle du montant des retraites, vu ces conditions de départ imposées. Quant aux régimes dits « spéciaux » (peut-être parce qu’ils sont moins pires) ils finiraient de sauter, au moins pour tous les nouveaux embauchés. Bref, une alternative : crever au boulot ou vieillir dans la misère.
Il ne resterait plus qu’un seul faux suspens : le gouvernement aura-t-il besoin du recours au 49.3 ? Et un vrai : celui qui dépend de nous, faire ravaler à Macron et Borne leur projet.

MAJORITÉ PARLEMENTAIRE OU PAS, 49.3 OU PAS : DANS LES ENTREPRISES
ET DANS LA RUE C’EST NON !

Non, les caisses de retraites ne sont pas déficitaires. Elles étaient excédentaires de 2,6 milliards d’euros en 2021 et de 3,7 milliards d’euros en 2022. Et rien ne dit, comme ils l’affirment, qu’elles le seront en 2032. Ce ne sont que supposition de leur part. Sur ce terrain-là nos luttes collectives pourraient faire inverser la tendance de la politique de l’État et des patrons. Celle de l’Etat, qui réalise tellement d’économies sur l’ensemble des salaires des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers qu’il creuse le déficit des caisses de retraites. Celle des patrons qui en réduisant les effectifs et les salaires réduisent d’autant les cotisations aux caisses de retraites (les leurs en premier avec tous les dégrèvements de charges qu’on leur accorde). Car, même s’il était effectif en 2032, le déficit qu’ils annoncent pour cette année-là de 17 milliards, ne serait pas « abyssal » : il ne représenterait que 5 % d’un budget global de 330 milliards pour les caisses de retraites. En augmentant de 5 % les salaires, il serait automatiquement comblé !

L’INQUIÉTUDE DOIT CHANGER DE CAMP !

La « réforme » remballée en 2019, annoncée dès sa réélection par Macron… a été reculée jusqu’à c mois de janvier. Il faut dire qu’à la rentrée de septembre les grèves dans les raffineries ont perturbé le calendrier gouvernemental, suivies de bien d’autres grèves sur les salaires. Provoquant ces reports, surtout symptomatiques de la fébrilité du gouvernement qui sait que non seulement son projet de loi est très impopulaire mais qu’il s’ajoute au mécontentement social contre la vie chère et les salaires de misère. Il pourrait bien tout embraser. D’après un sondage IFOP daté du 4 janvier, 52 % des personnes interrogées souhaitent que la France connaisse dans les prochains mois une explosion sociale !

VERS UN MOUVEMENT D’ENSEMBLE

Alors soufflons sur la braise partout : sur nos lieux de travail et d’études, préparons un mouvement d’ensemble, participons à toutes les manifestations et actions annoncées, mais surtout discutons d’un plan de bataille pour gagner, sans qu’aucune de nos forces ne soit émiettées par les logiques boutiquières des directions syndicales, voire les compromis de capitulations de certaines d’entre elles, comme on en a tant connu.

Participons à toutes les initiatives de mobilisation qui auront lieu, notamment la grève interprofessionnelle du 19 janvier à l’appel de tous les syndicats et la manifestation du 21 janvier à Paris appelée à l’initiative des organisations de jeunesse et à laquelle se sont jointes plusieurs organisations politiques. Regroupons-nous en assemblées générales. Multiplions les contacts entre travailleuses et travailleurs des diverses entreprises. Rejoignons celles et ceux qui sont en grève pour de meilleurs salaires ou des embauches.
SALAIRES, RETRAITES, CONDITIONS DE TRAVAIL, FAUT QUE ÇA PÈTE,
ÇA NE PEUT PLUS DURER
!

LES GRANDS MENSONGES DU GOUVERNEMENT

Question – Les caisses de retraite sont-elles déficitaires ?
■ Réponse – Elles étaient excédentaires de 2,6 milliards d’euros en 2021 et de 3,7 milliards d’euros en 2022.
Seront-elles déficitaires dans l’avenir ?
■ Les prévisions du Conseil d’orientation des retraites (COR) disent qu’elles seront déficitaires à partir de 2032.
On peut douter de ce genre de prévision, l’avenir étant on ne peut plus incertain – et nos luttes pourraient bien tout bouleverser !
Car la raison qu’en donne le COR est significative : le déficit viendrait des économies réalisées sur l’ensemble des salaires des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers ! Le COR pointe donc la responsabilité de l’État dans les difficultés éventuelles des caisses de retraite puisque c’est lui qui organise les coupes sombres sur les budgets des collectivités et de la santé !
Que représenterait ce déficit…en 2032 ?
■ Dans 10 ans ! Il serait compris entre 12 et 20 milliards d’euros par an, le chiffre de 17 milliards revenant le plus souvent. 17 milliards sur un budget global des caisses de retraite de 330 milliards, soit 5 %. Curieusement, le gouvernement ne propose pas d’augmenter les salaires d’autant. Or, dans le fonctionnement actuel, 5 % de hausse des salaires, ce serait automatiquement 5 % de plus dans les caisses de retraite !
Mais, avec le vieillissement de la population, la part consacrée aux retraites ne va-t-elle pas devenir trop lourde à supporter ?
■ La part des dépenses de retraites dans le revenu national (PIB) était de 13,8 % en 2021. Le gouvernement fait mine de s’effrayer du fait qu’elles pourraient atteindre 14,7 % en 2032. En fait, il ne s’agirait que d’un retour à ce qu’elles représentaient en 2020.
Mais, de toute façon, il serait juste normal que la part consacrée aux retraites augmente : tout simplement parce que les richesses produites, celles que chacun d’entre nous produit pendant ses
années de travail augmentent. Et bien plus vite que la population. Alors, qu’y aurait-il de choquant à ce qu’une part plus importante soit consacrée aux anciens si la société produit toujours plus de richesses ?
Mais un ancien qui occuperait son poste plus longtemps, n’est-ce pas un poste de moins pour un jeune ?
■ Macron nous chante « la France qui travaille ». S’user la santé jusqu’à 64 ans (voire plus pour éviter la décote) pendant que le jeunes galèrent pour trouver un emploi, bel avenir ! Pour les patrons c’est aussi parfois l’inverse : virer un salarié âgé, jugé plus assez rentable et qui finira ses années en emplois précaires, pour embaucher un jeune. Ce chômage des séniors dont on parle si souvent. Car le revers de la médaille c’est aussi qu’avec un jeune on peut augmenter ses cadences et le payer moins cher qu’un salarié avec des années d’ancienneté. Années de galère aux deux bouts de la vie active, retraites de misère et baisse des salaires, c’est la triple recette du gouvernement et du patronat.


POURQUOI UN TEL ACHARNEMENT
À S’EN PRENDRE AUX RETRAITES ?

Cela fait des années que les gouvernements successifs ont multiplié les réformes aggravant le système
de retraite. C’est une affaire de gros sous, bien plus que de pré-tendus trous dans la caisse. Les caisses de retraite, c’est un budget de 330 milliards d’euros, du même ordre que le budget de l’Etat. Un pactole qui attise les convoitises ! Augmenter le nombre d’annuités nécessaires pour une retraite à taux plein, c’est baisser la pension d’une bonne partie de ceux qui partent quand même à l’âge légal. Augmenter l’âge légal du départ à la retraite, c’est accroître le « chômage des seniors ». Et pas un centime de plus
de cotisations patronales aux caisses de retraite. Par contre diminuer les dépenses des caisses et le
montant des retraites c’est permettre aux fonds de pension privés de drainer l’épargne de ceux qui ont des salaires suffisants pour mettre de côté. Ce fameux pactole des caisses de retraites que lorgnent tous les financiers.


BAS SALAIRES POUR LES TRAVAILLEURS, RETRAITES DE MISERE MAIS EXPLOSION DES DIVIDENDES POUR LES ACTIONNAIRES

D’un côté le monde de Macron produit des millionnaires (en France ils sont quelque 2,8 millions aujourd’hui). De l’autre la pauvreté explose. Les Restos du Cœur, qui ont traversé les gouvernements de gauche et de droite, servaient à leurs débuts 8 millions de repas par an : on en est à 142 millions en 2022. Sur les 65 millions d’habitants du pays, plus de 9 millions vivent sous le seuil de pauvreté. Nous, les 30 millions de salariés (88 % de la population active) n’avons que nos bras à louer, de l’agent d’entretien à l’ingénieur, à la campagne comme à la ville. Une majorité qui produit tout, subvient à toutes les nécessités sociales – on l’a bien vu pendant le premier confinement – et qui pourtant rame de plus en plus pour vivre. Quand on ne nous jette pas au chômage ! C’est tout cela qui doit cesser !

LA HAUSSE DES PRIX PÈSE D’ABORD SUR LES CLASSES POPULAIRES !

Les prix flambent. La vie quotidienne devient impossible. Les cantines scolaires deviennent inabordables pour bien des familles. Se chauffer est un luxe. Et ne parlons pas des carburants : avec la fin des « aides » gouvernementales sur le prix à la pompe, c’est à se demander si ça vaut la peine d’aller au travail quand on a de longs trajets.
La hausse dans les supermarchés des produits « premier prix » est de 14 % sur un an, selon les relevés de France Info. On est loin des 7 % avancés par le gouvernement qui ne sont qu’une moyenne sur tous les prix. Car ce sont les produits de base pèsent bien plus lourd dans le budget des classes populaires. Cela représente au bas mot entre 100 et 150 euros par mois !
La guerre d’Ukraine a bon dos ! Comment se fait-il alors que les profits d’Engie, davantage encore ceux de Total, aient explosé ? La nouvelle réforme des retraites sera, en plus du recul de l’âge de la retraite, une nouvelle baisse du montant des retraites réelles, avec tous ceux qui n’auront pas leurs annuités, qui finiront par des années de chômage ou d’emplois précaires en attendant l’âge fatidique des 64 ans (voire 67 pour éviter la « décote »). Une réforme qui s’ajoute à la baisse des allocations chômage déjà mise en place.
Dans tous les secteurs, les grèves pour l’augmentation des salaires se sont multipliées ces derniers mois : dans les raffineries, les industries chimiques, pharmaceutiques, automobiles et chez des dizaines de leurs sous-traitants ; dans les transports en commun, chauffeurs de bus ou ateliers du métro parisien, etc. Jusqu’à Noël où, à la SNCF, la « trêve des confiseurs » a surtout rimé avec « grève des contrôleurs ».

UNE BOURGEOISIE QUI S’ENRICHIT, DES TRAVAILLEURS QUI S’APPAUVRISSENT

Depuis 1980 la bourgeoisie française maintient, avec son État, une politique de salaires très bas. Quelle que soit sa qualification, un ouvrier, une employée sont embauchés au Smic. Infirmières, parfois même jeunes médecins ou jeunes ingénieurs sont souvent sous-payés, en dessous de 1 500 euros. Sans oublier toutes les travailleuses et travailleurs précaires, comme les aides à domicile, aux indispensables compétences humaines, n’ayant même pas le smic. Ponctionner les travailleurs pour arroser les actionnaires est le principal savoir-faire des gouvernements.

FAIRE REMBALLER AU GOUVERNEMENT SA RÉFORME DES RETRAITES

Flambée des prix, bas salaires, baisse de l’indemnisation du chômage, attaque contre les retraites, le patronat et le gouvernement craignent une riposte d’ensemble du monde du travail, une généralisation et une coordination des luttes. Macron qui rêvait d’embarquer dans son jeu quelques leaders syndicaux, au nom du « dialogue social » (pour l’instant c’est loupé) craint la riposte des travailleurs eux-mêmes, dans les entreprises, dans la rue. Au point d’en être ridicule : « Au moment des fêtes, la grève d’une partie de la SNCF a inquiété au plus haut sommet de l’État. Car ce ne sont pas les syndicats, mais des collectifs […] moins prévisibles qui ont provoqué les annulations des trains. Une méthode qui a rappelé à certains le souvenir des “Gilets jaunes” », expliquait le journal Le Monde. Et Le Parisien d’en rajouter en rapportant les propos rageurs du Président : « Plus personne ne tient plus aucune troupe ! »

C’EST NOTRE COLÈRE QUI A DÉJÀ FAIT PLIER MACRON PLUSIEURS FOIS.

Le mouvement contre la réforme des retraites de 2019-2020 avait mis en branle des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs mais aussi fait émerger des assemblées générales, catégorielles ou interprofessionnelles, locales, départementales ou nationales. Ce qui avaient permis à des salariés de la SNCF, de la RATP, de l’Education Nationale ou des entreprises privées de se lier et de discuter collectivement de l’organisation de leur mouvement, permettant d’ailleurs sa poursuite pendant les vacances de Noël malgré l’appel à la trêve de la part des directions syndicales.
Les Gilets jaunes en 2018-2019 qui s’organisaient sur les ronds-points ou encore les contrôleurs de cet hiver-là, regroupés dans un collectif national sur les réseaux sociaux, ont aussi exprimé à leur manière une forte volonté de contrôler leur mouvement et ne pas laisser les directions syndicales, sous couvert de représentativité, être reconnues comme seules interlocutrices du patronat ou du gouvernement. Des luttes qui nous montrent la voie. Organisons-nous et décidons nous-mêmes, syndiqués peu importe l’étiquette), ou non-syndiqués, tous ensemble.

CE QUE NOUS DEVONS IMPOSER

Mettons en avant nos revendications, celles sur les salaires, tout comme celles contre les suppressions d’emplois en cours dans bien des secteurs (Amazon par exemple tout dernièrement), contre les manques d’effectifs dans les hôpitaux et autres service publics.

ET BIEN-SÛR AUJOURD’HUI, REJET TOTAL DE LA RÉFORME DES RETRAITES DE BORNE ET MACRON.

Pas seulement de cette réforme-là d’ailleurs. Car cela fait des années que gouvernement après gouvernement, réforme après réforme, on nous a imposé des reculs sur le régime des retraites. Ce sont tous ces reculs qu’il faut leur faire ravaler : l’âge de la retraite qui est passé de 60 ans à 62ans et demain 64; le nombre d’annuité passé de 37,5 ans à 41,5 pour qui part aujourd’hui, et à 43 ans demain; le calcul du montant des retraites basé sur les 25 meilleures années au lieu des 10 meilleures, et qui a valu une baisse nette de toutes les retraites dans le privé, les attaques contre les régimes spéciaux, notamment pour ceux qui ont un travail pénible, etc. Les retraites des années 1980-1990 n’étaient pas
la panacée, c’est sûr. Mais c’est bien au moins à cela qu’il faudrait imposer de revenir dont le départ à 60 ans, 37,5 ans de cotisations pour toucher la retraite à taux plein. Aucune retraite ni pension ni minima sociaux inférieurs au salaire minimum. Un salaire dont le minimum aujourd’hui devrait être d’au moins 2000 € net par mois.

PARTICIPONS LES PLUS NOMBREUX À TOUTES LES GRÈVES ET MANIFESTATIONS CONTRE LE PROJET DE RÉFORME, VERS LA GRÈVE GÉNÉRALE !